Nouvelle loi anti-LGBTQ+ Bulgarie : Ses opposants demandent à l’UE de prendre des mesures.
La Bulgarie a officiellement publié une loi controversée interdisant la « propagande LGBTQ+ » dans les écoles, après que le président Rumen Radev ait refusé d’opposer son veto au projet de loi jeudi dernier.
Un amendement au code de l’éducation poussé par l’extrême droite
Cet amendement au code de l’éducation en Bulgarie a été introduit par le parti d’extrême droite pro-russe, Renaissance. À la surprise générale, le projet de loi a également été soutenu par des partis pro-européens. Il interdit la « propagande, promotion ou incitation » aux « idées et opinions » LGBTQ+ dans les écoles, sans fournir de précisions supplémentaires. Le projet a été largement adopté au parlement le 7 août, déclenchant des manifestations à travers tout le pays, dont la plus récente devant le palais présidentiel.
Réactions des groupes de défense des droits LGBTQ+
Les activistes et les organisations de défense des droits LGBTQ+ ont vivement réagi à cette législation. Rémy Bonny, directeur exécutif de Forbidden Colours, un groupe de soutien aux droits LGBTQ+, a déclaré : « Cette loi n’est pas seulement un problème bulgare — c’est une loi russe qui a trouvé son chemin au cœur de l’Europe. » Il a exhorté la Commission européenne à tenir la Bulgarie responsable de cette loi.
Les dirigeants du groupe LGBTI Intergroup au Parlement européen ont également exprimé leur désapprobation. Les coprésidents Kim van Sparrentak, des Pays-Bas, et Marc Angel, du Luxembourg, ont décrit cette loi comme une « attaque directe contre la communauté LGBTIQ+, en particulier les enfants ». Ils ont mis en garde contre le fait que de telles législations risquent de créer un environnement hostile pour les jeunes LGBTQ+, augmentant les risques de harcèlement, d’intimidation et de problèmes de santé.
Implication de la Commission européenne
La Commission européenne a pris note de la situation. La Commissaire à l’Égalité, Helena Dalli, a envoyé une lettre le 13 août au ministre bulgare de l’Éducation et des Sciences, Galin Tsokov, pour demander des éclaircissements sur cette nouvelle législation. Un porte-parole de la Commission a réaffirmé leur engagement à lutter contre la discrimination et les défis auxquels sont confrontés les individus LGBTQ+, en soulignant l’importance de l’éducation dans leur stratégie pour l’égalité LGBTIQ de novembre 2020.
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Mobilisation des groupes de défense des droits humains
De nombreuses organisations de défense des droits humains, dont Action, Buditelkite, Forbidden Colours, LevFem, Mobilisations féministes et Deystvie, ont dénoncé cette loi. Leur pétition demandant au président Radev de s’opposer à l’amendement a recueilli environ 7 000 signatures. Des universitaires ont également exprimé leur opposition à travers une lettre ouverte.
Le Parti Renaissance célèbre l’adoption de la loi
Kostadin Kostadinov, leader du Parti Renaissance, a salué cette loi comme une « percée historique », affirmant que « la propagande LGBT est anti-humaine et ne sera pas acceptée en Bulgarie ». Le pays ne reconnaît pas le mariage entre personnes de même sexe et n’a pas encore ratifié la Convention d’Istanbul visant à lutter contre les violences faites aux femmes.
Un contexte européen plus large
Le positionnement de la Bulgarie sur les droits LGBTQ+ est parmi les pires de l’Union européenne. Selon ILGA-Europe, une organisation de défense des droits LGBTQ+, la Bulgarie se classait troisième en partant du bas en 2024, devant seulement la Roumanie et la Pologne. Cette nouvelle loi rappelle des législations similaires adoptées en Russie et en Hongrie, tandis que le gouvernement géorgien envisage également un projet de loi comparable.
Le gouvernement bulgare, y compris le ministère de l’Éducation, le ministère de la Justice et le bureau du Premier ministre, n’a pas encore répondu officiellement aux critiques croissantes.
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