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Namibie : décès de Sam Nujoma, figure de l’homophobie d’État en Afrique

Namibie décès de Sam Nujoma, figure de l’homophobie d’État en Afrique
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Namibie : décès de Sam Nujoma, figure de l’homophobie d’État en Afrique

Un leader historique de la Namibie s’éteint à 95 ans

Sam Nujoma, premier président de la Namibie et figure centrale de son indépendance, est décédé le 8 février à l’âge de 95 ans. Fondateur et dirigeant de la Swapo (Organisation du peuple du sud-ouest africain), il a mené une lutte armée qui a abouti, en 1990, à la libération du pays du régime de l’apartheid sud-africain. Après trois mandats à la tête de l’État, il a quitté le pouvoir en 2005, laissant derrière lui une Namibie stable de deux millions d’habitants.

Un allié de Robert Mugabe et un fervent opposant aux droits LGBT+

Proche du président zimbabwéen Robert Mugabe, Sam Nujoma partageait avec lui une idéologie anti-occidentale, qui s’est notamment traduite par une hostilité déclarée envers l’homosexualité. Dès les années 1990, les deux chefs d’État ont assimilé les minorités sexuelles à une influence étrangère néfaste, bien que de nombreuses lois homophobes en Afrique trouvent en réalité leur origine dans les codes coloniaux. En Namibie, par exemple, la sodomie était criminalisée sous l’influence du droit sud-africain jusqu’à son abrogation en 2024 par la Cour suprême.

Une instrumentalisation politique de l’homophobie

L’émergence de l’homosexualité comme sujet de débat public en Afrique australe est en grande partie liée aux discours de figures politiques comme Nujoma et Mugabe. En 1995, la Swapo a lancé une campagne anti-LGBT+, exploitant l’accusation d’homosexualité pour discréditer ses opposants. En 2001, Sam Nujoma déclarait publiquement que la Namibie « n’autorise pas l’homosexualité ni le lesbianisme », ordonnant aux forces de l’ordre d’arrêter et d’expulser les personnes concernées.

Des organisations de défense des droits humains, dont Human Rights Watch, ont dénoncé ces déclarations comme une diversion politique destinée à masquer des problèmes socio-économiques comme le chômage. Malgré ces critiques, cette rhétorique a trouvé un écho dans plusieurs pays africains, où les leaders religieux prennent désormais le relais des discours anti-LGBT+.

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Un contexte régional marqué par la montée de l’homophobie

La Namibie n’échappe pas à la montée du sentiment anti-LGBT+ en Afrique. En 2023, après la reconnaissance des mariages homosexuels contractés à l’étranger par la Cour suprême namibienne, le Parlement a adopté des lois restreignant le mariage aux couples hétérosexuels. Une tendance similaire s’observe ailleurs sur le continent, comme en Ouganda, où une législation drastique contre l’homosexualité a été mise en place la même année.

Ainsi, si Sam Nujoma restera dans l’histoire comme le père de l’indépendance namibienne, son héritage comprend également une politique d’intolérance qui continue d’influencer le climat social et politique du pays.

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