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Hongrie : Durcissement Constitutionnel des Droits LGBT+ et les Binationaux

Hongrie Durcissement Constitutionnel des Droits LGBT
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Hongrie : Durcissement Constitutionnel des Droits LGBT

Une réforme constitutionnelle pour restreindre les droits LGBT+

Le Parlement hongrois s’apprête à adopter une série de modifications constitutionnelles controversées visant à réduire les droits des personnes LGBT+. Parmi les changements proposés figure l’inscription dans la Constitution de la reconnaissance exclusive de deux genres, masculin et féminin, ainsi que la primauté des droits des enfants sur tous les autres. Cette initiative s’inscrit dans une démarche plus large du gouvernement de Viktor Orban, qui poursuit une politique conservatrice marquée par des restrictions croissantes des libertés individuelles.

Offensive politique contre les binationaux jugés « déloyaux »

Un autre amendement prévu au vote vise les citoyens hongrois possédant une double nationalité. Le gouvernement prévoit de pouvoir suspendre leur citoyenneté s’ils sont considérés comme une menace à la sécurité nationale, notamment s’ils œuvrent au sein d’ONG ou de médias dits « indépendants ». Cette mesure ne s’appliquerait pas aux ressortissants de l’Union européenne et de certains pays européens, mais pourrait entraîner l’expulsion du pays pendant une durée pouvant aller jusqu’à dix ans. Le texte semble viser indirectement le philanthrope George Soros, citoyen américain né à Budapest, souvent désigné comme ennemi par le pouvoir.

Une capitale en ébullition face aux dérives autoritaires

Le vote, prévu à 17h (15h GMT) à Budapest, intervient dans un climat de forte mobilisation citoyenne. Depuis l’adoption d’une loi interdisant la Marche des fiertés en mars, des milliers de manifestants se rassemblent chaque semaine dans la capitale, bloquant des ponts pour exprimer leur opposition à la politique gouvernementale. « Ce gouvernement pousse tout à l’extrême », déclare Akos, ingénieur de 28 ans interrogé sous anonymat lors d’une manifestation.

Une dérive vers le « poutinisme » selon les experts

Depuis son retour au pouvoir en 2010, Viktor Orban a progressivement affaibli les contre-pouvoirs, selon Szabolcs Pek, analyste au sein du think tank Iranytu Intezet. Inspiré par son allié Donald Trump, il poursuit selon lui une trajectoire autoritaire de plus en plus marquée, qualifiée de « poutinisme ». « Le gouvernement ne tue pas, mais il réduit méthodiquement l’espace d’expression pour l’opposition, les journalistes et la société civile », explique-t-il.


Lire aussi : Hongrie : Une loi d’Interdiction de la Pride LGBT+


Une législation déjà restrictive envers les LGBT+

La Hongrie a déjà adopté plusieurs lois limitant les droits des personnes LGBT+. Le mariage est constitutionnellement réservé aux couples hétérosexuels depuis 2019, les adoptions sont interdites aux couples de même sexe, et les personnes transgenres ne peuvent plus modifier leur état civil. Depuis 2021, toute mention de l’homosexualité ou du changement de sexe est interdite dans les contenus destinés aux mineurs.

Le nouvel amendement, en affirmant la primauté du droit des enfants à un développement moral et physique « correct », cherche à justifier l’interdiction de la Marche des fiertés sous couvert de protection de la jeunesse.

Une stratégie électorale à l’approche des législatives

Pour certains observateurs, ces réformes ont un objectif politique : mobiliser l’électorat conservateur et capter les voix de l’extrême droite à l’approche des élections législatives de 2026. Viktor Orban tente également de reprendre l’initiative politique après une série de critiques sur la gestion des services publics et l’économie. Cette « frénésie législative », selon Szabolcs Pek, vise à détourner l’attention de ces problèmes structurels.

Un rival politique fragilisé par le silence sur les LGBT+

Cette stratégie place aussi Peter Magyar, nouvel opposant en vue et ex-haut fonctionnaire proche du pouvoir, dans une position délicate. Bien que très critique sur la corruption, il reste silencieux sur les questions liées aux droits LGBT+, un choix qui pourrait lui coûter le soutien d’une partie de l’électorat progressiste, selon les analystes.

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