conflit Union européenne Hongrie droits LGBT
Vingt pays européens interpellent la Commission
Une vingtaine d’États membres de l’Union européenne, dont la France, ont fait parvenir à la Commission européenne une lettre dénonçant l’interdiction de la marche des fiertés prévue à Budapest le 28 juin. Cette interdiction, décidée par le gouvernement hongrois dirigé par Viktor Orban, a été perçue comme un affront aux valeurs européennes et au respect des droits fondamentaux. Le texte adopté en mars dernier par le Parlement hongrois, au nom de la « protection de l’enfance » et de la « lutte contre la promotion de l’homosexualité », suscite une vague d’indignation. Hadja Lahbib, commissaire européenne chargée de l’Égalité et de l’inclusion, a ainsi affirmé « se tenir aux côtés de la communauté LGBT hongroise ». La législation hongroise autorise par ailleurs l’utilisation de la reconnaissance faciale pour identifier les organisateurs ou participants à l’événement.
Appel ferme à Budapest
Les pays signataires, parmi lesquels figurent également les Pays-Bas et la Suède, exhortent la Hongrie à revoir cette loi controversée. « Nous sommes profondément préoccupés par les récentes lois et les amendements portant atteinte aux droits fondamentaux des personnes LGBTQIA+ », écrivent-ils, rappelant que la protection de ces droits est « inhérente à l’appartenance à la famille européenne ». Ces États membres insistent sur la nécessité pour Budapest de « réviser » sa législation et demandent à la Commission européenne d’intervenir « rapidement ».
Une Commission européenne prudente
Pourtant, la réaction de la Commission reste mesurée. Souhaitant éviter un nouvel affrontement frontal avec Viktor Orban, Bruxelles préfère maintenir un dialogue avec Budapest, malgré les tensions. La Hongrie se trouve déjà sous le coup de sanctions financières, avec 18 milliards d’euros de fonds européens suspendus pour non-respect de l’État de droit. La Commission européenne tente de conserver un canal de discussion ouvert, notamment sur des dossiers cruciaux comme celui de l’Ukraine, où la Hongrie adopte régulièrement des positions favorables à la Russie.
Exaspération croissante au sein de l’UE
Face à cette prudence, les États membres expriment de plus en plus leur frustration. « On ne peut plus continuer à se faire écraser », écrivent-ils dans leur missive, pointant l’inaction de la Commission. Bruxelles se limite pour l’instant à promettre « une nouvelle stratégie en faveur de l’égalité des personnes LGBT dans le courant de l’année ». En réponse à l’interdiction, les organisateurs de la marche des fiertés hongroise ont annoncé leur intention de défiler malgré tout dans les rues de Budapest le 28 juin, rejoints par plusieurs eurodéputés solidaires de leur cause.