Ouverture d’un centre LGBT+ en Guadeloupe : une avancée face aux discriminations persistantes
Une annonce ministérielle pour renforcer l’inclusion
En visite officielle en Guadeloupe le jeudi 24 avril, Aurore Bergé, ministre déléguée à l’Égalité entre les femmes et les hommes et à la Lutte contre les discriminations, a dévoilé la création imminente du premier centre LGBT+ sur l’archipel. Cette initiative s’inscrit dans une politique nationale visant à doter chaque département d’un espace dédié à l’écoute et au soutien des personnes issues de la communauté LGBT+. Selon Outre-Mer La 1ère, la ministre a souligné l’importance d’offrir « un lieu où chaque personne sache qu’elle peut être écoutée, orientée, accompagnée et soutenue ».
Une homophobie enracinée et souvent silencieuse
La Guadeloupe reste marquée par une homophobie structurelle, parfois discrète mais profondément ancrée dans les sphères familiales et religieuses. Viviane Melyon De France, présidente de l’association Amalgame Humanis, témoigne d’un rejet massif après la mise en place de « voix arc-en-ciel », une ligne téléphonique d’écoute destinée aux victimes de haine anti-LGBT. « Nous avons perdu 80 % de nos adhérents », affirme-t-elle, malgré l’importance de l’initiative, qui a reçu plus de 700 appels par an.
Chargée d’un audit sur les réalités locales, l’association met en lumière des violences souvent invisibles : « L’homophobie est très intrafamiliale », explique Viviane Melyon De France. Bien que les jeunes ne soient généralement pas mis à la rue, ils subissent des pressions psychologiques et religieuses, allant parfois jusqu’à des pratiques d’exorcisme. Maëlys Actry, membre de l’organisation, précise que les agressions ne sont « pas physiques, mais psychologiques, verbales et religieuses ».
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Un espace d’accompagnement et de sensibilisation
Le futur centre LGBT+ aura pour mission d’accueillir et d’accompagner les personnes en quête de soutien, mais aussi de sensibiliser la population à la diversité des orientations sexuelles et identités de genre. Il servira de point de ressources pour les usagers tout en menant des actions éducatives à destination du grand public.
Le lieu d’implantation du centre n’a pas encore été déterminé, mais son fonctionnement bénéficiera d’une subvention annuelle de 70 000 euros de la part de l’État, destinée à financer des actions et des postes salariés. Néanmoins, Prisca Melyon-Reinette, également membre d’Amalgame Humanis, souligne que « la création d’un tel centre nécessite 300 000 euros », laissant entrevoir un écart important entre les besoins réels et les moyens alloués.