Suppression des mentions bisexuelles du site officiel
Le site officiel du Monument national Stonewall, qui célèbre les émeutes historiques de 1969 ayant marqué un tournant dans la lutte pour les droits LGBTQ+, a récemment été modifié pour supprimer toute référence aux personnes bisexuelles. Cette mesure s’ajoute à une série de changements qui semblent participer à une révision progressive et ciblée de l’histoire LGBTQ+, en particulier depuis que le National Park Service (NPS) a retiré, en février, les mentions relatives aux personnes transgenres.
Un effacement progressif, dans la lignée des politiques anti-diversité
Ces altérations s’inscrivent dans un contexte politique tendu. En effet, elles suivent les décrets émis sous l’administration Trump, visant à affaiblir les programmes de diversité, équité et inclusion dans les institutions publiques et privées. Dès février, les descriptions du site avaient été modifiées : l’acronyme « LGBTQ+ » avait été réduit à « LGB », comme le révèlent les archives du site via la Wayback Machine. En avril, de nouvelles suppressions ont encore restreint l’inclusion, ne mentionnant désormais que les « lesbiennes et les gais » comme participants aux émeutes de Stonewall.
Des figures emblématiques toujours visibles… mais effacées des textes
Malgré ces suppressions textuelles, les photos de militantes trans et bisexuelles comme Marsha P. Johnson et Sylvia Rivera figurent toujours dans la section « Éducation » du site. Ces images contrastent fortement avec l’absence de reconnaissance explicite de leur rôle dans les événements commémorés, créant un décalage dénoncé par de nombreuses voix de la communauté LGBTQ+.
Un effacement numérique massif des ressources LGBTQ+
Ce cas n’est pas isolé : il s’intègre à un effort plus large de suppression de contenus LGBTQ+ sur les sites gouvernementaux. Selon une enquête menée par Democracy Now, plus de 8 000 pages ont été supprimées depuis le début de l’année, affectant notamment les contenus liés à la prévention du VIH, à la violence homophobe et transphobe, et aux données de santé publique sur les personnes LGBTQ+.
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Vives réactions des associations et de la communauté
L’organisation GLAAD a fermement condamné ces actions, les qualifiant de tentatives délibérées de révision historique et de discrimination. Un porte-parole a déclaré : « Cet acte flagrant d’effacement ne fait pas que déformer la réalité historique : il manque aussi cruellement de respect envers l’immense contribution des personnes trans — en particulier les femmes trans racisées. »
Mobilisation citoyenne et dénonciation politique
Face à cette situation, plus de 47 000 personnes ont signé une pétition demandant l’arrêt des modifications du site du monument. La protestation s’est également exprimée dans la rue : à New York, des militant·es LGBTQ+ se sont rassemblé·es devant le Stonewall Inn pour dénoncer cette tentative d’effacement. Tanya Asapansa-Johnson Walker, figure trans de longue date, a pris la parole pour affirmer avec force :
« On est ici pour rester, et on ne va pas se laisser effacer par une administration christo-fasciste et néo-nazie. »
Une mémoire en lutte
Alors que le monument de Stonewall incarne un moment fondateur de l’histoire LGBTQ+, ces modifications soulèvent une inquiétude grandissante : celle de voir l’héritage des luttes queer déformé, ignoré ou volontairement supprimé des récits officiels. Dans ce contexte, la vigilance et la mobilisation citoyenne restent essentielles pour préserver une mémoire collective inclusive et fidèle à la réalité historique.