Guide LGBTQ sécurité en ligne : Certains LGBTQ se font harceler en ligne. Soyez prudents
Guide LGBTQ Sécurité en Ligne : Trouver sa communauté sur le web
Naviguer dans une société majoritairement hétéro et cisgenre peut être ardu pour de nombreuses personnes LGBTQ+. Rejetés par leur entourage familial, jugés par leur environnement social et coupés de leurs amis, un grand nombre de membres LGBTQ+ se dirigent vers internet pour y trouver compréhension et camaraderie.
En un clic, il est possible de s’échapper de son cadre de vie et d’atterrir virtuellement dans un espace qui fait preuve d’ouverture d’esprit et d’accueil. Dans ces lieux en ligne, les individus peuvent demander des conseils sur leur coming-out, échanger à propos des questions qui les préoccupent et développer une meilleure connaissance de leur propre sexualité ou de leur identité de genre.
Dit plus simplement, internet offre la possibilité à chacun de dénicher sa propre communauté LGBTQ+, indépendamment de la distance géographique qui sépare les membres.
« Les réseaux sociaux et internet sont vitaux pour faciliter l’accès aux ressources et pour mettre les gens en relation avec la communauté LGBT+ », confie Mara*, bisexuelle/pansexuelle.** « C’est un moyen de trouver une certaine acceptation, un sens de la communauté et un vrai soutien. Il est indispensable de maintenir un tel niveau de lien. »
Sachant que les chiffres relatifs au suicide chez les jeunes LGBTQ+ dépassent largement ceux de leurs pairs hétérosexuels et cisgenres, la toile peut littéralement sauver des vies.
« Il y a tellement de groupes de soutien fantastiques qui ont énormément compté pour moi : je peux affirmer qu’ils m’ont sauvé la vie et ont grandement contribué à ma quête d’identité », se souvient Mariela, homosexuelle.
« [Internet est] définitivement un support formidable pour l’échange d’informations et pour aider notre communauté, souvent dispersée, particulièrement en région rurale », déclare Blair, qui est intersexe/non-binaire.*** « Une grande partie de ma propre affirmation trans s’est construite grâce aux ressources linguistiques trouvées sur le web, ainsi qu’aux récits de transitions que j’ai pu lire en ligne. »
Le revers de la médaille
Cependant, internet peut également être un terrain hostile et angoissant. Il suffit de jeter un œil aux commentaires sous n’importe quel post viral sur les réseaux sociaux : on y trouve un flot d’injures et d’attaques mal ciblées.
Quand on réalise qu’une bonne portion de ces propos haineux comprend des remarques homophobes ou biphobes, on se rend compte à quel point le monde virtuel peut se révéler agressif pour la communauté LGBTQ+.
« J’ai le sentiment qu’il y a aussi, au sein même de la communauté LGBTQ, des gens qui font preuve d’intolérance », confie Gill, lesbienne et intersexe. « Honnêtement, j’ai davantage été prise pour cible par des personnes de notre communauté que par des gens extérieurs. »
Compte tenu de cette réalité alarmante, il nous paraît primordial que tous les membres LGBTQ+ maîtrisent des stratégies pour se défendre et se préserver en ligne. C’est dans ce but que nous avons élaboré ce guide, dans l’espoir de limiter votre vulnérabilité au cyberharcèlement.
Nous souhaitons préciser que ces recommandations s’adressent principalement aux personnes ne se sentant pas encore prêtes à faire leur coming-out ou qui préfèrent garder certains aspects de leur identité secrets, par souci de sécurité. Nous n’exhortons pas ici à renoncer définitivement à affirmer votre orientation sexuelle.
Nous voulons également évoquer la limite entre prudence et excès de retenue. Selon notre enquête, de nombreuses personnes s’identifiant comme gays déclarent se sentir relativement en sécurité en ligne, mais pensent que c’est en partie dû à leur extrême vigilance dans leurs activités numériques.
« Je n’ai jamais fait l’objet d’attaques en ligne », explique Harris, genderqueer et gay. « [Mais c’est] parce que je mets tout en œuvre pour éviter les situations susceptibles de m’exposer à des attaques. Cet effort mental permanent me protège sûrement, mais il me coûte beaucoup. »
Nous espérons qu’un jour, toutes ces recommandations deviendront obsolètes, et que chaque individu, quel que soit son genre ou son orientation sexuelle, pourra s’exprimer sur internet sans craindre de représailles.
Le harcèlement en ligne : une expérience quasi généralisée
D’après notre étude, 73 % des personnes LGBTQ+ interrogées ont déjà subi des agressions ou du harcèlement en ligne. Il s’agit souvent de tentatives pour discréditer ou contester leur orientation ou leur identité de genre.
Shauna, lesbienne, raconte : « Une femme a écrit sur l’un de mes posts sur les réseaux sociaux que mon homosexualité n’était qu’une passade et que, si je rencontrais Jésus, je serais convertie à son mode de vie, comme ça lui est arrivé. »
« Avant que Facebook ne filtre les messages de gens avec qui nous ne sommes pas amis, je recevais régulièrement des insultes du genre “gouine” dans ma messagerie », ajoute Dylan, qui se définit comme non-binaire.
Et il ne s’agit pas que de propos injurieux. Parfois, cette violence verbale dégénère en actes physiques. Comme l’explique Zsófia, lesbienne et intersexe/non-binaire vivant en Hongrie : « En 2012, mon profil Facebook est apparu (avec ceux de plusieurs autres [membres de la communauté] LGBTQ+ hongroise) sur le site d’un groupe d’extrême droite. La liste s’appelait la “liste des tapettes” (“köcsög lista” en hongrois). »
Au-delà des fondamentalistes politiques ou religieux, notre étude a démontré que la majorité des agressions subies par les répondants sont d’ordre sexuel.
« J’ai reçu des photos obscènes alors que je cherchais un colocataire ou après avoir posté mon numéro pour retrouver mon chat. Plusieurs hommes m’ont également dit que la bisexualité n’était qu’une étape et qu’une “bonne bite” pourrait soi-disant me guérir », partage Jamie, bisexuelle et non-binaire.
Ce ressenti est loin d’être isolé : de nombreux répondants témoignent d’une avalanche d’images pornographiques non sollicitées ou de messages grossiers et explicites.
« J’ai posté une photo en disant que j’aurais aimé fermer la bouche, et plusieurs personnes m’ont proposé de la “remplir” avec leur sexe », raconte Tamika, lesbienne et genderqueer.
« On m’a déjà menacée de me tuer, ainsi que ma famille », nous confie Nova, femme trans asexuelle. « J’ai enduré du harcèlement, venant aussi bien de l’extérieur que de l’intérieur de la communauté. J’ai eu tellement peur que j’ai quitté les réseaux sociaux. »
Les personnes asexuelles, en particulier, décrivent un sentiment d’insécurité provoqué par ceux qui rejettent la validité de l’asexualité. Elles sont souvent accusées d’être sexuellement refoulées ou de n’avoir pas encore “éveillé” leurs désirs.
« Certains croient pouvoir me “guérir” en m’envoyant des clichés d’eux nus ou en répétant qu’il est impossible de ne pas avoir de libido, que ça finira par apparaître un jour », explique Elijah, asexuel et genderqueer.
Même si un nombre considérable de participants font état de messages à caractère sexuel inopportun, beaucoup ont tendance à minimiser ces agressions, considérant cela comme la “norme”. Pourtant, il n’est pas indispensable de tolérer ces attitudes qui se banalisent : il existe des parades pour filtrer le harcèlement.
La cyberintimidation sur les médias sociaux

Le harcèlement via les réseaux sociaux
Aujourd’hui, la communication en ligne s’effectue majoritairement sur les réseaux sociaux. Pour la communauté LGBTQ+, et particulièrement pour ceux dont la famille et les amis ne les soutiennent pas, ces plateformes peuvent représenter le seul endroit où trouver amour et reconnaissance.
Malheureusement, les réseaux sociaux sont aussi une source constante de harcèlement. Les recherches montrent que, parce qu’ils n’ont pas à confronter physiquement leurs cibles, les harceleurs se permettent bien plus de choses en ligne qu’en face à face.
Plusieurs études associent directement le cyberharcèlement à des états dépressifs, poussant nombre de victimes à adopter des conduites d’évitement néfastes comme la consommation de drogue ou d’alcool, voire l’automutilation.
Bien qu’il soit impossible de museler complètement ces internautes violents, il est possible de se prémunir pour réduire leur impact.
Parfois, un simple blocage ou signalement d’un compte malveillant peut suffire à vous préserver de toute interaction avec lui.
Comment bloquer des personnes sur les médias sociaux
Si la situation persiste, vous pouvez également dénoncer le harcèlement auprès de la plateforme en question. Mais malheureusement, les administrateurs n’ont pas toujours la réactivité ou la volonté d’agir contre les contenus haineux.
Autres manières de faire taire les harceleurs
Si le blocage n’est pas envisageable, il reste d’autres méthodes pour limiter votre exposition. Vous pouvez reprendre la main en utilisant différentes techniques :
- Supprimer vous-même les commentaires hostiles.
La plupart des sites vous donnent la possibilité d’effacer des réponses spécifiques, afin de faire disparaître rapidement ce qui est haineux. - Signaler les comportements litigieux à la plateforme.
Souvent, vous pouvez le faire de manière anonyme, et l’entreprise peut éventuellement réagir. - Créer des groupes et des listes privées.
De nombreuses plateformes sociales permettent de rendre certains messages, publications ou groupes invisibles au public. De cette façon, vous pouvez choisir de n’y autoriser que des personnes de confiance et préserver vos informations délicates des regards mal intentionnés.
Le harcèlement sur les forums en ligne
Les forums représentent une excellente opportunité de dialoguer avec sa communauté, mais ils peuvent également dégénérer en polémiques. Les membres LGBTQ+ y sont parfois la cible d’agressions explicites, en raison de leur orientation ou de leur genre.
Idéalement, aucune personne LGBTQ ne devrait se sentir obligée de dissimuler son identité. Mais le monde n’est pas toujours accueillant, et certains optent pour la prudence en filtrant ce qu’ils dévoilent.
Voici des éléments qu’il vaut mieux ne jamais partager avec des inconnus :
- Vos coordonnées personnelles (adresse, numéro de téléphone, etc.) : le harcèlement virtuel est déjà dur à vivre, mais il prend une ampleur encore plus menaçante si un agresseur possède votre adresse. Même donner des informations vagues concernant votre ville ou région peut permettre de vous localiser, alors prudence.
- Votre véritable nom : il suffit parfois d’un lien pour relier votre pseudo à votre identité réelle et à votre entourage. Une bonne pratique consiste à choisir un alias pour vous-même, et à mentionner vos proches sous des surnoms, afin de protéger leur anonymat comme le vôtre.
- Les liens vers vos profils sociaux : participer à un forum en y associant vos réseaux personnels peut s’avérer risqué, parce que ces derniers renferment souvent beaucoup de données privées.
Les gens qui n’ont pas encore fait leur coming-out peuvent être victimes de chantage
Si une partie de la communauté LGBTQ+ est plus confiante pour assumer ouvertement son identité, bon nombre de personnes n’ont pas cette chance ou ce sentiment de sécurité. Des fraudeurs profitent de cette vulnérabilité et recherchent activement des victimes à faire chanter. Il est donc crucial de maîtriser la manière de masquer ou ne pas divulguer certaines informations.
La plupart des sites et applis populaires commencent à prendre à cœur la confidentialité et permettent désormais de gérer précisément qui voit quoi sur votre profil.
Contrôler votre identité pendant et après votre transition
Pour de nombreux individus transgenres, la transition est une étape très sensible. Quand on souhaite maintenir la confidentialité de sa transition ou de certains détails, le risque de se faire « out » sans consentement (être exposé publiquement) constitue l’une des plus grandes menaces en ligne. En effet, 26 % des femmes trans et 21 % des hommes trans dans notre étude ont subi une divulgation forcée de leur statut.
Divers participants ont partagé des histoires sur des proches ou des camarades qui ont révélé leur identité trans sur les réseaux sociaux, ou même tenté de les faire chanter.
Dante, bisexuel/pansexuel et trans, raconte : « Cette personne me menaçait de publier mes informations personnelles (orientation et identité de genre) si je ne me pliais pas à certaines demandes. »
Afin d’éviter que votre statut ne soit rendu public contre votre gré – ce qui peut créer une situation dangereuse avec votre famille, mettre en péril votre emploi ou engendrer un flot de messages haineux – plusieurs personnes décident de vivre cachées.
Jolene, femme trans lesbienne, confie : « Je vis dans la discrétion. Je préfère cacher sur le net mon identité de genre et mon orientation sexuelle. »
Beaucoup de gens entament leur transition à l’âge adulte et possèdent déjà une présence numérique où figure l’ancien genre qui leur a été assigné. Pour se protéger du chantage ou d’une divulgation indésirable, certains décident d’effacer toute trace de leur précédente identité sur la toile.
Bianca, blogueuse trans, avait bâti une solide communauté en ligne autour de son témoignage. Mais elle s’est retrouvée en difficulté pour trouver un emploi et subvenir aux besoins de son enfant. Elle explique : « La réalité m’a rattrapée. Le monde n’aime pas tellement les personnes trans et ne comprend pas vraiment leurs difficultés. » Elle a fini par effacer tout contenu relatif à son identité.
Yahel, un homme trans, se souvient avoir fait son premier coming-out sur un forum où il travaillait en tant que modérateur : « Les gens ont commencé à ouvrir des discussions disant que j’étais en réalité une femme perturbée ; ils utilisaient le pronom “elle”. »
En tant qu’administrateur, il a pu bloquer quelques utilisateurs, mais il a vite vu que ça ne résolvait pas tout : « Quand j’ai cessé d’être staff pour me focaliser sur mes études, les attaques ont repris, et je n’avais plus aucun moyen de contrôle. J’ai signalé la situation, mais la plateforme n’a pas réagi. »
Si vous craignez de lourdes répercussions si votre genre ou votre transition est dévoilé, vous pouvez changer de vie numérique.
Comment réinventer votre identité en ligne
- Supprimez tous vos anciens comptes sur les réseaux sociaux et recréez-en de nouveaux qui correspondent à votre identité réelle. Postez-y des photos qui vous reflètent aujourd’hui.
- Contactez les sites où vous êtes référencé·e sous votre ancien genre et demandez-leur d’actualiser ou de retirer ces informations. Pour savoir quelles pages parlent encore de vous, faites un tour sur Google.
Si vous préférez conserver vos comptes (afin de préserver vos followers ou contacts), vous pouvez juste les mettre à jour :
- Si vous avez un nouveau nom, modifiez-le partout.
- Effacez ou désidentifiez les photos et posts qui révèlent votre passé.
- Demandez à vos proches ou aux administrateurs de sites extérieurs d’en faire autant avec tout contenu que vous ne contrôlez pas directement.
- Publiez de nouveaux clichés, vidéos et textes qui correspondent à votre identité actuelle.
- Sachez que certaines plateformes, comme Facebook, proposent à présent des options de genre personnalisées.
Heureusement, la visibilité grandissante des trans s’accompagne souvent d’une acceptation accrue et d’un sentiment de fierté au sujet de son parcours. Alex, femme trans, a choisi de faire son coming-out sur le net. « Modifier mon identité en ligne a été simple pour moi, notamment parce que j’étais déjà entourée de personnes bienveillantes. Alors, quand j’ai tout changé, j’avais déjà du soutien. »
Bien sûr, elle a reçu des commentaires haineux, surtout sur des applis de rencontre, mais le fait d’être ouverte et de pouvoir compter sur ses amis lui a permis de mieux gérer. Elle a également choisi de ne pas effacer ses anciennes photos, estimant que cela aidait ses parents à accepter sa transition.
En fin de compte, personne ne doit être forcé à se dévoiler plus qu’il ne le souhaite. Vous êtes seul juge de ce qui vous semble le plus juste et sécurisant.
Les relations amoureuses en ligne
Les sites de rencontres sur internet sont devenus un pilier dans la quête amoureuse actuelle. Que ce soit via des applications ou des plates-formes traditionnelles, elles permettent aux gens de se rencontrer et de construire des histoires, voire de simples liaisons sans lendemain. Cela peut être particulièrement bénéfique quand on appartient à une minorité sexuelle dans un monde encore très hétéronormé.
Beaucoup de personnes interrogées dans notre étude ont rencontré leur conjoint·e en ligne et vivent désormais une relation stable et épanouie.
Ronnie a ainsi rencontré l’amour sur le net : « Un jour, j’ai osé envoyer un message à une femme que je pensais trop bien pour moi. Au bout de quelques semaines, elle m’a proposé un rendez-vous. Six mois plus tard, je suis toujours aussi amoureuse. »
Néanmoins, les applis de rencontre demeurent un terrain propice au harcèlement sexuel.
Selon nos résultats, plus de la moitié des répondants (gays, lesbiennes, homo, asexuel·le·s, bi et pan) ont déclaré avoir subi des agressions sexuelles sur internet.
D’autres études convergent en montrant qu’environ un tiers de la jeunesse LGBTQ a déjà été confrontée à ce type de harcèlement, un taux quatre fois plus élevé que chez les jeunes hétéros et cis.
C’est précisément pour cela qu’il est essentiel de savoir se protéger. Les sites et applis de rencontre doivent rester un espace plaisant. Suivez les quelques conseils ci-dessous pour optimiser votre sûreté.
Astuces de sécurité pour les rencontres en ligne

Il subsiste une part de risque dans le fait d’aller voir quelqu’un rencontré sur internet. Derrière un profil en apparence ordinaire, il est impossible d’être absolument sûr de l’identité et du comportement de la personne IRL.
Même si cela ne doit pas vous dissuader de faire des rencontres, mieux vaut préparer une stratégie pour réagir rapidement si la situation tourne mal :
- N’organisez pas la première rencontre chez vous : tant que vous n’avez pas une certaine confiance, il vaut mieux que la personne ne sache pas où vous habitez.
- Partagez vos plans avec un ami : indiquez-lui avec qui vous allez, où vous serez et à quelle heure vous pensez rentrer.
- Renseignez-vous sur les signaux d’appel à l’aide : plusieurs régions ont instauré des codes discrets (comme “demander Angela”) pour avertir le personnel d’un bar ou resto que vous avez un problème sans éveiller les soupçons de votre interlocuteur.
- Envisagez d’installer une appli comme SafeTrek (ou équivalent), qui envoie discrètement votre position aux forces de l’ordre en cas de danger, sans avoir à les appeler. Vous pouvez ainsi alerter la police d’une simple pression, sans que l’autre ne s’en aperçoive.
- Vérifiez leur existence en ligne : la plupart des gens laissent pas mal de traces sur le net, ce qui permet de voir s’ils sont cohérents. Si ce n’est pas le cas, redoublez de précautions.
Applis de rencontres sécurisées
Face à la popularité des smartphones, les applis prennent le pas sur les sites de rencontre. Certaines sont davantage orientées “plans d’un soir” (tant mieux si c’est ce que vous voulez !), d’autres ciblent un public plus intéressé par la stabilité.
Dans tous les cas, le même type de risques se présente : harcèlement sexuel ou même agression physique.
Heureusement, on trouve de plus en plus d’applications s’attachant à protéger les utilisateurs. Qu’il s’agisse de plateformes spécialisées pour la communauté LGBTQ+ ou d’outils veillant à la sûreté lors de sorties, il y a de quoi se sentir plus tranquille :
- Taimi : souvent considérée comme l’appli LGBT la plus sûre et la plus grande pour hommes cherchant des hommes. “Parfait pour se faire des amis, trouver l’âme sœur ou entamer une relation durable.” Taimi inclut la connexion par empreinte digitale et une authentification à deux facteurs, avec un bot IA pour repérer les profils mensongers.
- LGBTQutie : cette appli à l’interface fluide met l’accent sur les relations sincères et amicales plutôt que sur les aventures passagères. Elle se veut inclusive pour les asexuels, non-binaires, pansexuels, intersexes et autres identités LGBTQ.
- Scissr : conçue spécifiquement pour les lesbiennes, Scissr fournit un espace “safe” pour les femmes. L’équipe traque activement les faux comptes et les bannit. En parallèle, la plate-forme intègre des fonctionnalités communautaires pour discuter d’innombrables sujets.
- Chappy : l’objectif de Chappy est de redéfinir la culture des applis de rencontre destinées aux gays. Chaque profil doit être lié à Facebook pour vérification, et les clichés sans visage sont immédiatement rejetés. Les utilisateurs doivent se “choisir mutuellement” avant de pouvoir entamer une discussion, ce qui diminue sensiblement les agressions. De plus, l’application vous informe si quelqu’un capture l’écran de votre profil ou de vos photos.
Envoyer des sextos en toute sécurité
Avec l’essor des applis de rencontre, le “sexting” (envoi de messages érotiques) s’est beaucoup popularisé. Nombreux sont ceux qui conservent des photos explicites sur leur téléphone.
Que vous stockiez ces images pour votre usage personnel ou pour les partager, il est fondamental de considérer la possibilité qu’elles puissent être diffusées sans votre accord, ce qui peut s’avérer embarrassant, voire bouleversant dans votre vie privée ou pro.
Pour autant, s’envoyer des clichés intimes peut représenter un jeu erotico-affectif amusant. Nous encourageons simplement l’usage de certaines précautions.
Applis pour stocker vos photos discrètement
Plusieurs applications offrent la possibilité de mettre à l’abri, derrière un code ou un mot de passe, les clichés sensibles directement sur votre mobile :
- KeepSafe : ce service permet de transférer des photos dans une sorte de “coffre-fort” protégé par un code.
- Gallery Lock Lite : ce “coffre” numérique inclut aussi un “mode furtif” masquant l’icône de l’appli. Vous ne pouvez l’ouvrir qu’après avoir réalisé une suite d’actions spéciales.
- Best Secret Folder : cette appli se dissimule derrière l’étiquette “Dossier factures” sur votre téléphone, ce qui écarte d’emblée les soupçons quant à son contenu réel.
- KYMS : au lieu d’avoir l’apparence d’un coffre-fort, KYMS se présente sous forme de calculatrice. À moins que quelqu’un ne fasse des opérations sur votre téléphone, personne ne soupçonnera votre “double vie”.
- Vaulty : en plus de sécuriser vos clichés, Vaulty propose divers outils d’édition. Si vous perdez votre appareil, vous pouvez récupérer vos photos sur un autre device.
Faites disparaître vos photos automatiquement
Parfois, il n’est pas indispensable de conserver en mémoire les clichés que vous envoyez. Plusieurs services permettent de prendre une photo, de l’envoyer, et de la voir s’effacer de vos appareils (et de ceux des destinataires) après un certain temps :
- Snapchat
- StealthChat
- Wickr
- Kaboom
- BurnChat
Mais souvenez-vous qu’il existe des moyens de contourner ces restrictions : captures d’écran, applications tierces, etc. Ne partagez jamais quoi que ce soit de trop personnel à quelqu’un en qui vous n’avez pas une totale confiance.
Comment échapper aux hackeurs
Au-delà des vols physiques de téléphones, les pirates informatiques peuvent aussi parvenir à extraire photos ou données personnelles à distance, sans même que vous ne vous en rendiez compte.
Le moyen le plus sûr de limiter le piratage est d’installer plusieurs niveaux de protection :
- Installez un antivirus susceptible de détecter l’installation accidentelle de spyware. Ces malwares sont capables de pister vos fichiers, vos mots de passe, votre navigation et de transmettre ces informations à des criminels.
- Ne téléchargez des applis que depuis des sources fiables : les plateformes officieuses regorgent de programmes vérolés se présentant comme inoffensifs. Si un “cheval de Troie” prend le contrôle de votre portable, il n’aura aucun mal à s’emparer de vos données personnelles.
- Faites régulièrement les mises à jour : elles corrigent souvent des failles qui pourraient être exploitées par des malfaiteurs.
- Activez l’authentification à deux facteurs (2FA) sur tous vos comptes pour déjouer les attaques par force brute. Un code vérifié via un canal indépendant (SMS, e-mail, etc.) empêche l’intrus d’accéder à vos informations même s’il connaît votre mot de passe.
- Utilisez un VPN sur les réseaux Wi-Fi publics : ces hotspots ouverts n’offrent aucune protection de vos données, et un autre utilisateur malveillant pourrait intercepter ou visualiser vos fichiers. Certains points d’accès sont même conçus uniquement pour dérober vos informations. Un VPN chiffre toutes vos activités, ajoutant une couche de sécurité.
Éviter les propositions non désirées
Tout un chacun peut subir des propositions sexuelles non sollicitées, qu’il s’agisse d’expédier des photos osées ou de faire des avances explicites. Les personnes LGBTQ+, toutefois, se heurtent à des types de comportements parfois plus spécifiques.
Pour un individu trans, il n’est pas rare d’être envahi de questions indiscrètes sur son anatomie ou son opération, voire de se voir proposer de l’argent en échange de faveurs sexuelles.
Selon notre étude, comparées aux autres identités de genre, les femmes trans se sentent le moins en sécurité en ligne, alors que les hommes cis disent s’y sentir le plus confiants. Les témoignages montrent également que les transgenres sont l’objet d’un fétichisme envahissant. Beaucoup ont reçu des requêtes voyeuristes ou intrusives visant leur transition.
Dean, homme trans, se rappelle : « Au lycée, un camarade a exigé que je me mette nu pour qu’il voie comment c’était “en vrai”. Je lui ai pourtant dit de se renseigner par lui-même, mais il a continué son harcèlement sexuel. »
De même, les couples lesbiens sont constamment confrontés à des messages d’hommes hétérosexuels excités par le fantasme du rapport entre deux femmes, et les femmes bi se retrouvent souvent sexualisées à outrance, supposées être prêtes à tout.
« C’est en général des réflexions bêtes et déplacées, du style “tentez pas un plan à trois ?” » constate Priva, bisexuelle.
Hannah, également bisexuelle, a remarqué le phénomène des “chasseurs de licornes” sur Tinder : « Ce sont des personnes qui cherchent uniquement une fille bi pour un trio. J’ai reçu un message d’un profil “couple” qui me demandait directement un ménage à trois, de façon très courtoise mais sans aucune phase de discussion, ce qui m’a rendue un peu mal à l’aise. »
Toutes les propositions insolites ne constituent pas nécessairement du harcèlement. Dans le contexte des applis où beaucoup cherchent une simple relation sexuelle, des pratiques qui choquent certaines personnes peuvent en satisfaire d’autres. C’est donc à vous de décider comment gérer ces demandes.
Souvenez-vous également que vous n’êtes pas obligé·e de faire la pédagogie auprès de qui que ce soit. Si certains sont juste ignorants plutôt que malveillants, les éduquer requiert une implication émotionnelle que vous n’êtes pas tenu·e d’offrir.
Voici quelques réactions possibles si vous vous sentez agressé·e :
- Si vous décidez de répondre, expliquez poliment en quoi leur propos est choquant, pour qu’ils comprennent l’impact de leurs paroles. Ils s’excuseront peut-être.
- Si l’attitude est déplacée et vulgaire mais que vous souhaitez garder le contrôle, menacez de les signaler s’ils persistent. Souvent, la simple menace fait effet.
- Si vous ne souhaitez pas continuer la conversation, il suffit de les bloquer ou de les signaler à la plateforme.
- Si la situation dérape ou s’intensifie et que vous craignez pour votre sécurité, contactez la police. Hélas, la réactivité des autorités n’est pas toujours au rendez-vous pour ce genre d’affaires, mais cela crée au moins une trace écrite pour le futur.
La vie professionnelle quand on est LGBTQ
En dépit d’une tolérance qui progresse et d’une exposition plus grande, plusieurs membres de la communauté LGBTQ font face à des discriminations dans le milieu professionnel.
Aux États-Unis, dans 28 États, il reste légal de licencier un salarié en raison de son orientation sexuelle, et 30 États autorisent encore le renvoi selon l’identité de genre.
« Je crains que le fait d’être ouvertement bi ne devienne un frein dans ma future carrière », nous dit Courtney, bisexuelle.
Ces chiffres sont éloquents et démontrent la nécessité de connaître vos droits.
Pour plus d’infos vous pouvez lire notre article être LGBT au travail
Se connecter à ses collègues sur les réseaux sociaux
Personne ne devrait ressentir l’obligation de passer sous silence son orientation sexuelle ou son genre. Néanmoins, pour certains, séparer la sphère professionnelle de la sphère privée reste la meilleure option afin d’éviter des représailles ou des discriminations.
Mais que faire quand un collègue vous envoie une demande d’ami Facebook ou souhaite vous suivre sur Instagram ? Est-il possible de refuser sans créer un climat tendu ?
Si vous vous sentez contraint·e d’accepter, sachez que vous avez la possibilité de paramétrer ce que vos collègues peuvent voir. Sur la majorité des réseaux, vous pouvez personnaliser la visibilité de vos posts pour ne montrer certaines publications qu’à un groupe précis d’amis. Voici comment procéder sur les principales plateformes :
Combattre le harcèlement et les préjugés au travail
Si vous avez déjà subi des attaques ou discriminations dans votre boîte, vous savez à quel point c’est psychologiquement éprouvant. Aujourd’hui, avec l’omniprésence d’outils de communication pro (Slack, e-mails, etc.), le harcèlement prend souvent une forme numérique. Cela dit, vous n’êtes pas démuni·e :
- Documentez minutieusement les incidents et collectez des preuves à transmettre aux RH ou à un avocat.
- N’hésitez pas à enregistrer discrètement les conversations orales qui pourraient servir de témoignage.
- Si c’est sur une messagerie interne, faites des captures d’écran car l’entreprise pourrait effacer ou altérer des données en cas de plainte.
- Impliquez un témoin de confiance pour renforcer votre crédibilité et réunir plus d’éléments.
- Si vos réclamations ne sont pas prises au sérieux par le département RH, cherchez un organisme extérieur qui pourrait vous aider.
- Informez-vous sur la législation en vigueur. Pouvoir vous référer à une loi ou à une réglementation précise vous donnera davantage d’assurance.
Conseils pour les parents de jeunes LGBTQ+
Être le parent d’un adolescent ou d’un enfant LGBTQ+ implique de se sensibiliser davantage aux enjeux de sécurité sur le net.
Les mineurs sont particulièrement exposés aux dangers et peuvent aisément sombrer dans l’angoisse ou la détresse. Ils ont moins de facilités pour se créer un entourage protecteur et aimant.
Veiller à leur bien-être implique de maintenir une communication ouverte, de dialoguer régulièrement et d’observer leurs comportements en ligne pour les protéger au mieux.
De même, si vous découvrez que votre enfant fait partie de la communauté LGBTQ sans vous en avoir parlé, évitez de le brusquer. Favorisez une atmosphère de confiance et soulignez publiquement des représentations positives de la communauté, afin qu’il comprenne qu’il peut se confier sans crainte.
Le plus important est d’écouter et de cerner leurs besoins. Parlez-leur de la manière dont ils se défendent sur internet. Vous trouverez également beaucoup de ressources à destination des parents de jeunes LGBTQ. N’hésitez pas à en discuter avec d’autres familles ayant vécu la même chose.
Ci-dessous, quelques organisations d’entraide dédiées aux jeunes LGBTQ+ et à leurs proches :
Organisations de soutien aux jeunes LGBTQ+ et à leurs familles
- It Gets Better : fondé par Dan Savage et Terry Miller, d’abord comme campagne sur les réseaux pour encourager les jeunes LGBTQ+ confrontés au harcèlement. C’est désormais un vaste réseau mondial de soutien.
- GLAAD : né à l’époque de la désastreuse couverture médiatique du VIH/sida dans les années 1980, GLAAD s’emploie aujourd’hui à pointer les manquements des médias et à stimuler les discussions majeures autour des droits LGBTQ+.
- Born This Way : créé par Lady Gaga et sa mère, prenant son nom du morceau devenu hymne, ce collectif vise à aider les jeunes et à promouvoir la santé mentale, grâce à des programmes et des recherches.
- FFLAG : acronyme de Families and Friends of Lesbians and Gays, cette ONG fédère et soutient les familles et les amis d’individus LGBTQ+. Elle diffuse conseils, informations et met en relation ceux qui en ont besoin.
Blogs & Forums utiles
Il existe aussi une infinité de blogs et de forums où partager des vécus et évoquer des problématiques particulières. Parmi les espaces appréciés des jeunes LGBTQ+ (et leurs familles), on peut citer :
- Mumsnet – LGBT Parents Forum
- Gay Christian Network Forum
- Transparenthood.net
- Parentingjeremy.com
- Raisingmyrainbow.com
Relations abusives chez la jeunesse LQBTQ+
De nombreuses études montrent que le risque d’entrer dans des dynamiques toxiques est plus élevé chez les jeunes LGBTQ+.
Cette vulnérabilité est souvent liée à un climat familial hostile (homophobie, transphobie) et à l’absence de soutien parental. Les mineurs ne pouvant pas faire leur coming-out de peur des représailles se retrouvent fréquemment confrontés à des menaces d’extorsion sexuelle.
« Quand j’étais plus jeune, et qu’internet était encore pire qu’aujourd’hui, un type m’a menacée de débarquer chez moi et de tout avouer à mes parents si je ne lui envoyais pas des photos. Je me suis sentie piégée », raconte Giselle, une femme transgenre asexuelle. « J’avais vraiment peur de la réaction de ma famille. »
Dans les cas les plus graves, hélas pas si rares, certains jeunes rejetés par leur foyer deviennent SDF et recourent au travail du sexe pour survivre. Gil Fishhof, directeur de l’ONG Human Rights Youth, explique : « Ils se prostituent pour s’offrir la nourriture, les vêtements et l’hébergement dont ils ont besoin et que nous considérons comme acquis. »
Même ceux qui ne vendent pas leur corps peuvent être exposés aux prédateurs adultes cherchant à exploiter leur fragilité. Fishhof souligne que ces jeunes, en quête de validation pour leur orientation, se sentent souvent obligés de dire “oui” pour éviter un rejet de plus. Et cela ouvre la porte aux abus.
La priorité des parents et tuteurs est donc de préserver la sécurité des adolescents. Il est essentiel de maintenir un dialogue ouvert sur leur utilisation du web et d’empêcher qu’ils n’accèdent à des services prévus pour adultes.
Ces applis – censées être réservées aux +18 ans – ne conviennent pas aux mineurs :
- Tinder
- Grindr
- Zoosk
- HER
- Hotornot
- Badoo
- Skout
Si vous découvrez que votre enfant ou un ado sous votre responsabilité utilise ce type de plateformes, discutez-en calmement avec lui. Assurez-vous qu’il est conscient des risques.
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De manière générale, privilégier une communication transparente reste le meilleur moyen de sensibiliser vos enfants. Mais, si vous estimez nécessaire de restreindre l’accès ou l’usage, vous pouvez recourir à des logiciels de contrôle parental.
Ces programmes permettent de bloquer certaines applications et de surveiller l’activité de l’utilisateur (messages, temps passé…). Il est possible d’ajuster le niveau d’intrusion pour respecter à la fois la vie privée et la sécurité de votre enfant.
Voici quelques excellents logiciels de contrôle parental :
- Norton Family Premier : disponible en tant que produit autonome ou intégré à la suite Norton Security. Il vous permet d’instaurer des “règles domestiques” pour chaque appareil, de bloquer certains contenus et de superviser l’activité internet.
- FamilyTime : compatible avec la plupart des systèmes (iOS, Android, etc.), FamilyTime vous donne accès aux historiques d’appels, au positionnement GPS, et vous pouvez verrouiller les applis inappropriées ou paramétrer des zones géolocalisées.
- Qustodio : propose de fixer des limites horaires par application ou de les bloquer définitivement. Offre également la possibilité d’observer les appels et SMS directement via un tableau de bord.
- Net Nanny : ce logiciel maintes fois primé emploie un système d’analyse en temps réel pour empêcher l’accès à du contenu inadapté.
- Pumpic : axé sur les mobiles, Pumpic vous accorde un accès à distance au téléphone surveillé. Il vous fournit un journal complet (messages, contacts, calendrier) et propose de filtrer ou bloquer certains types de contenus.
Nous espérons avoir pu vous aider un Peu avec notre Guide LGBTQ Sécurité en Ligne
Dans un monde idéal, les personnes LGBTQ+ ne seraient pas davantage exposées aux dangers sur internet et auraient l’assurance de pouvoir y exprimer leur identité et leurs préférences sans crainte. Mais l’évolution sociale est longue, et nous n’en sommes pas encore là. Par conséquent, la vigilance reste de mise, surtout pour les membres de la communauté LGBTQ+.
Nous espérons que ce guide vous permettra d’affirmer un meilleur contrôle sur vos interactions en ligne, pour vous sentir plus en sécurité et profiter pleinement de tout ce que le numérique a à offrir dans votre vie personnelle, intime et professionnelle.