Une première œuvre audacieuse signée Ratchapoom Boonbunchachoke
Avec Fantôme utile (A Useful Ghost), le jeune réalisateur thaïlandais Ratchapoom Boonbunchachoke signe un premier long-métrage à l’identité marquée, qu’il qualifie lui-même de « perversité élégante ». Ce film déconcertant et jubilatoire, à la croisée du fantastique et de la comédie queer, a su séduire lors de sa présentation à la Semaine de la critique au Festival de Cannes.
L’histoire débute lorsqu’un jeune ladyboy reçoit un nouvel aspirateur au comportement inexplicablement autonome. Rapidement, l’étrangeté s’amplifie. March, le patron de l’entreprise familiale qui fabrique ces aspirateurs, se retrouve confronté à l’esprit de son épouse décédée, victime de la pollution de l’air, qui revient le hanter sous la forme d’un aspirateur à la sensualité dérangeante. Ce n’est que le début d’une série de révélations : les appareils électroménagers de la société semblent tous possédés par des fantômes.
Un quotidien traversé par l’étrange et l’émotion
La magie opère dans la simplicité du quotidien, où l’irruption du surnaturel ne paraît jamais incongrue. Fantôme utile aborde des thématiques multiples, mêlant critique sociale et réflexions intimes : il questionne les effets du capitalisme effréné, les contradictions de la mondialisation, la pression sociale dans une société conservatrice, ou encore la place des sexualités minoritaires. Le film explore aussi la persistance des sentiments au-delà de la mort et, plus étonnamment, l’érotisme inattendu que peut inspirer un aspirateur.
Ratchapoom Boonbunchachoke offre un regard singulier sur la modernité, qu’il décrit comme « à la fois stupide et sérieuse ». La réalisation, minimaliste et fluide, se met au service d’une narration aux frontières du surréalisme, où les protagonistes naviguent dans un univers habité par des appareils ménagers possédés.
Un OVNI cinématographique à l’humour irrévérencieux
À travers ce film, l’auteur mêle absurde, ironie et tendresse dans un cocktail unique qui ne laissera personne indifférent. Fantôme utile se positionne comme un véritable objet cinématographique non identifié, à l’esprit queer assumé, qui déconstruit avec finesse les normes sociales et les tabous.
Entre satire sociétale et fable surnaturelle, cette œuvre surprenante invite à s’ouvrir à l’inattendu. Une proposition aussi déconcertante que rafraîchissante, parfaite pour se changer les idées avant la rentrée.
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