Excuses Église de Norvège communauté LGBT+
Une reconnaissance publique dans un lieu symbolique
Jeudi 16 octobre, l’Église luthérienne de Norvège a officiellement demandé pardon à la communauté LGBT+ pour les souffrances infligées par ses positions passées. C’est au London Pub, bar emblématique de la scène gay à Oslo, que l’évêque Olav Fykse Tveit, primat de l’Église, a prononcé ces excuses historiques.
« L’Église de Norvège a infligé la honte, de graves torts et de la douleur aux homosexuels », a-t-il déclaré avec gravité. « Cela n’aurait pas dû se produire et je leur dis aujourd’hui pardon. »
Avec 3,4 millions de membres – soit plus de 60 % de la population – l’Église occupe une place centrale dans la société norvégienne. Pourtant, elle a longtemps marginalisé les personnes LGBT+, allant jusqu’à les qualifier de « danger social d’envergure mondiale » dans les années 1950, selon les termes utilisés à l’époque par la Conférence des évêques. Leur orientation y était alors décrite comme « perverse et méprisable ».
Une évolution tardive mais significative
Ce n’est qu’au XXIe siècle que l’Église a commencé à changer de cap. Depuis 2007, les personnes LGBT+ peuvent accéder à des fonctions de pasteur, et les mariages religieux entre personnes de même sexe sont permis depuis 2017.
Olav Fykse Tveit a reconnu que la stigmatisation, l’exclusion et le harcèlement subis avaient parfois conduit certains croyants à perdre la foi. Ces excuses publiques, bien qu’attendues depuis longtemps, visent à tourner une page douloureuse de l’histoire de l’Église.
Des réactions partagées entre soulagement et regret
Si de nombreuses personnes saluent cette prise de responsabilité, plusieurs voix soulignent le caractère tardif de ces excuses. Hanne Marie Pedersen-Eriksen, pasteure et présidente d’un réseau chrétien pour lesbiennes, a estimé que cet acte de repentance « marque enfin la fin d’un chapitre sombre » dans la relation entre l’Église et la communauté LGBT+.
Pour Stephen Adom, responsable de l’Association pour la diversité de genre et de sexualité en Norvège, le moment est chargé d’émotion :
« Ces excuses sont fortes et importantes, mais elles arrivent trop tard pour ceux d’entre nous qui sont morts du sida, (…) le cœur rempli d’angoisse parce que l’Église considérait que l’épidémie était le châtiment de Dieu. »
Ces paroles témoignent à la fois d’un apaisement possible et du poids persistant des blessures du passé. L’Église de Norvège a désormais la responsabilité de faire suivre ces mots par des actes concrets pour renforcer l’inclusion et la réconciliation.