Edda Wolfer lutte pour reconnaissance
Une gardienne de but en quête de reconnaissance civile
À 27 ans, Edda Wolfer Bouchareb est devenue une figure emblématique de la visibilité trans en Normandie. Gardienne de but au sein de l’Avant Garde Caennaise (AG Caen), elle se bat pour faire valider son changement d’état civil, une démarche cruciale qui lui permettrait de jouer officiellement en Régional 1 avec l’équipe féminine de son club. Si Gayviking avait déjà dressé son portrait par le passé, c’est aujourd’hui pour une nouvelle étape, cette fois judiciaire, qu’elle revient sur le devant de la scène.
Durant l’été 2025, le tribunal judiciaire de Caen a examiné à deux reprises son dossier. Le 6 juin, la procédure a été suspendue en raison d’un avis défavorable du ministère public. Celui-ci considérait que la transition d’Edda n’était « pas assez ancrée dans le temps », en évoquant notamment « l’absence de présentation sous des attributs féminins ». Ces critères, qualifiés de stigmatisants par les associations LGBT+, ont provoqué l’indignation.
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Mobilisation solidaire devant le tribunal
Le 4 juillet, en réponse à cette situation, une trentaine de personnes se sont rassemblées devant le palais de justice de Caen. Issues du Centre LGBTI de Normandie et de collectifs féministes, elles étaient là pour soutenir Edda. Une bénévole du Centre LGBTI expliquait : « C’est important de lui montrer qu’elle n’est pas seule face à la situation, mais aussi de faire comprendre aux institutions que les personnes concernées ne sont pas isolées. »
De son côté, Edda soulignait que son action dépasse sa propre trajectoire : « Cela va compter pour d’autres personnes », déclarait-elle à Ouest-France. La décision finale du tribunal est attendue pour septembre, un verdict qui pourrait influencer son avenir sur le plan sportif comme personnel.
Cible d’attaques transphobes sur son lieu d’étude
Mais les obstacles ne se limitent pas au domaine juridique. Récemment, Edda a été la cible de harcèlement transphobe à l’Université de Caen. Le collectif d’extrême droite Némésis a mené une opération sur le campus 1, collant des affiches et autocollants à caractère haineux, et diffusant des vidéos de l’altercation sur Instagram.
Edda a pris la parole sur son compte pour relater l’incident : « Je suis tombée nez à nez avec le collectif d’extrême droite Némésis. Elles occupaient les lieux, masquées et habillées en noir, collant des autocollants xénophobes et transphobes sur les panneaux de l’université. » Elle ajoute avoir été physiquement bousculée après avoir tenté de dialoguer calmement avec les militantes. Ces images, capturées et diffusées sans son consentement, ont alimenté une vague de commentaires haineux sur les réseaux sociaux.
Une victoire sur le terrain comme message de résistance
Malgré ces attaques, Edda poursuit son engagement à travers le sport. Le 30 août 2025, elle a pris part à un match amical contre Quevilly-Rouen Métropole (QRM), un club professionnel. La rencontre s’est tenue au stade de l’IUT de Caen, et s’est soldée par une victoire sans appel de 9-0 pour l’AG Caen. Gardienne de but, Edda a brillé en réalisant un clean sheet.
Elle confiait à Gayviking : « Au-delà du score, il s’agit d’un moment symbolique : la participation d’une femme trans à un match officiel de football féminin face à un club pro. C’est un pas en avant pour la visibilité des personnes trans dans le sport. » Soutenue par ses coéquipières et son entraîneur, entourée d’amies brandissant des drapeaux arc-en-ciel, elle a vécu cette journée comme un moment fort de reconnaissance et de solidarité.
Une figure d’espoir pour une société plus inclusive
Entre procédures juridiques, luttes contre les discriminations et affirmation de soi sur les terrains de sport, le parcours d’Edda Wolfer Bouchareb incarne la ténacité d’une génération qui aspire à plus de justice et d’inclusion. À travers ses actions et son engagement, elle devient un symbole fort pour la communauté trans en Normandie et bien au-delà.