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Décès de Stéphane Corbin : SOS homophobie salue la mémoire d’un militant emblématique

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Décès de Stéphane Corbin

Un militant historique du mouvement LGBTI+

Stéphane Corbin s’est éteint le 27 octobre à l’âge de 61 ans, après avoir combattu un cancer. Figure incontournable de la lutte pour les droits des personnes LGBTI+, il a consacré plus de trois décennies à la défense de cette cause. À Angers, il a longtemps présidé l’association Quazar et fut également collaborateur de la revue têtu·. Porte-parole de la Fédération LGBTI+, il a joué un rôle actif dans des combats majeurs tels que ceux du Pacs et du mariage pour toutes et tous. Son nom résonne dans le milieu associatif comme celui d’un pionnier dont le parcours a marqué les esprits.

Une rencontre marquante

Julia Torlet, actuelle présidente de SOS homophobie, a souhaité lui rendre hommage, bien qu’elle ne l’ait croisé qu’une seule fois. Ce bref échange, survenu l’année précédente, a pourtant laissé une empreinte forte. Elle décrit un moment d’une grande intensité, révélateur de la manière dont les générations queer se transmettent une mémoire collective souvent absente des récits officiels. “Il y avait entre nous une forme de filiation implicite”, écrit-elle, soulignant l’importance de ces liens intergénérationnels dans une communauté dont l’histoire reste souvent marginalisée.

Le poids de l’héritage queer

Stéphane Corbin incarnait pour elle une figure d’aîné. Ayant grandi après les grandes batailles des décennies précédentes — les émeutes queer, les débuts de la lutte contre le sida, le vote du Pacs —, Julia Torlet a dû reconstruire cette mémoire en puisant dans les archives et les témoignages. Pour elle, rencontrer Stéphane, c’était comme s’asseoir face à un fragment vivant de cette histoire. Il lui a offert ses souvenirs avec générosité, tel un artisan transmettant son savoir à une relève encore en apprentissage.

Une histoire à reconstituer

L’histoire des personnes LGBTI+ ne suit pas les circuits habituels de transmission. Elle n’est que rarement évoquée dans les foyers ou enseignée dans les manuels scolaires. “On ne naît pas avec un album photo queer sur l’étagère du salon”, rappelle Julia Torlet. Cette invisibilisation rend d’autant plus précieuse la parole des aîné·es queer. Leur expérience permet aux plus jeunes de se projeter, d’imaginer une vieillesse, une vie pleine malgré les normes dominantes. Sans modèles visibles, il est facile de croire que rien n’est possible.


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Des aîné·es comme figures parentales

Dans une société où l’identité queer reste souvent tue ou rejetée, les figures comme Stéphane Corbin deviennent des références parentales alternatives. Ces aîné·es racontent les luttes passées, les victoires, mais aussi les douleurs et les silences. Leurs récits constituent un héritage précieux, un fil rouge entre générations. Les associations qui œuvrent à préserver ces histoires et à prendre soin des personnes LGBTI+ âgées jouent un rôle essentiel dans cette transmission.

Une parole partagée jusqu’au bout

La présidente de SOS homophobie évoque également un aspect plus personnel de sa rencontre avec Stéphane : leur échange sur la maladie. Tous deux confronté·es au cancer, ils ont brièvement partagé cette réalité intime. Pour elle, cette maladie n’est pas un combat au sens militant du terme, mais une épreuve où ce sont surtout les professionnel·les de santé qui luttent. “Stéphane n’a pas perdu un combat”, insiste-t-elle, rejetant l’idée guerrière souvent associée à la maladie.

Garder vivante la mémoire queer

En conclusion, Julia Torlet appelle les jeunes à s’emparer de cet héritage. La visibilité queer progresse, les œuvres culturelles se multiplient, mais rien ne remplace les récits vivants. Ceux des personnes qui ont été là, qui ont vu, qui ont vécu. “Nous n’oublierons pas Stéphane”, écrit-elle avec émotion, tout en rendant hommage à toutes celles et ceux qui ont contribué à construire un monde un peu plus libre pour les générations futures.

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