Dear Ex
Sorti en 2018 et réalisé par Chih-Yen Hsu et Mag Hsu, Dear Ex est un film taïwanais bouleversant qui explore les complexités de la famille, de l’amour et de la réconciliation à travers le regard croisé de trois personnages liés par le même homme. Ce drame sensible aborde avec justesse la douleur du deuil et la quête de compréhension après une trahison perçue, dans une atmosphère à la fois tendre et déchirante.
Un héritage qui réveille les blessures
Sanlian (interprétée par Ying-Hsuan Hsieh) mène une vie ordinaire jusqu’à la mort soudaine de son ex-mari, Song Zhengyuan. Mais le choc ne s’arrête pas là : elle découvre que tout l’héritage de cet homme, père de son fils Chengxi (Joseph Huang), a été légué non pas à leur enfant, mais à Jay (Roy Chiu), un dramaturge de théâtre.
Pour Sanlian, cette décision est une trahison de plus. Déjà blessée par le départ brutal de son mari, elle voit dans Jay un amant manipulateur et opportuniste. Aveuglée par la colère, elle décide d’affronter cet homme qu’elle considère comme responsable de l’éclatement de sa famille.
Des personnages d’abord enfermés dans leurs rôles
Les trois protagonistes apparaissent d’abord comme des archétypes :
- Sanlian, la femme délaissée et amère, incapable d’accepter le passé.
- Chengxi, l’adolescent en crise, tiraillé entre loyauté et besoin de vérité.
- Jay, l’artiste extravagant et égoïste, enfermé dans sa douleur.
Mais peu à peu, Dear Ex fissure ces façades. Le scénario révèle que chacun d’eux agit par peur, par amour ou par désespoir. Le film montre avec tendresse qu’aucune histoire n’est unilatérale, et que les blessures cachent souvent une humanité profonde.
La quête de vérité du fils
Incapable de supporter les disputes incessantes de sa mère et avide de comprendre ce qui s’est réellement passé entre son père et Jay, Chengxi décide de fuguer pour se réfugier chez ce dernier. Ce geste marque le véritable tournant du film.
Dans l’appartement de Jay, entre discussions, silences et moments d’émotion, Chengxi découvre une autre version de son père — un homme tiraillé entre devoir familial et désir authentique. Le jeune garçon se confronte alors à la complexité des adultes et apprend à distinguer l’amour sincère du mensonge.
Un deuil qui révèle la vérité
La mort de Song Zhengyuan agit comme un catalyseur. Elle pousse chacun à affronter ses rancunes, ses incompréhensions et ses remords. On comprend alors que Jay n’était pas un simple amant, mais le véritable amour de Song Zhengyuan, celui qu’il n’avait jamais pu assumer auparavant.
Ce dernier, en quittant sa femme, a certes détruit son foyer, mais il a aussi tenté — tardivement — de vivre enfin en accord avec lui-même. Dear Ex pose ainsi une question universelle : peut-on aimer sincèrement sans blesser ?
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Un récit sur le pardon et la réconciliation
Au-delà de l’héritage matériel, Dear Ex parle surtout d’héritage émotionnel. Il raconte comment la haine peut se transformer en compréhension, comment la douleur d’une perte peut devenir le moteur du pardon.
Grâce à une mise en scène lumineuse et une photographie soignée, le film traduit visuellement la transition du chaos intérieur vers la paix. Les émotions y sont brutes, sincères, et jamais gratuites.
Même si certains passages flirtent avec le mélodrame, la sincérité du propos emporte tout. Chaque personnage finit par inspirer de l’empathie : la mère qui cherche à protéger son fils, le fils qui veut comprendre son père, et l’amant qui tente simplement de préserver le souvenir de l’amour perdu.
Une œuvre d’émotion et de justesse
Avec son jeu d’acteurs subtil, notamment celui de Roy Chiu, émouvant et charismatique, Dear Ex s’impose comme l’un des plus beaux drames LGBTQ+ asiatiques de ces dernières années. C’est un film sur l’amour sous toutes ses formes — familial, romantique, déçu ou retrouvé.
En fin de compte, Dear Ex ne se contente pas de raconter une histoire d’amour entre deux hommes. Il explore la complexité des relations humaines, la difficulté d’accepter ce qui nous échappe, et la beauté du pardon.
🕯️ Informations pratiques
- Titre original : Dear Ex
- Pays : Taïwan
- Sortie : 2018
- Réalisation : Chih-Yen Hsu et Mag Hsu
- Durée : 99 minutes
- Disponible sur : Netflix