Comment les droits des LGBT+ évoluent-ils dans le monde ? – L’histoire des droits des LGBT+ est celle de leur extension progressive depuis le XXe siècle. Pour une raison simple : la situation était si mauvaise qu’il était difficile de de faire pire. Mais qu’en est-il des évolutions récentes ?
Quand on parle de droits LGBT+, on évoque tous les aspects nécessaires pour l’égalité des droits, dans tous les domaines dans lesquels des discriminations pourraient se produire. Tour d’horizon du cheminement de ces droits dans les différents pays du monde.
Comment les droits des LGBT+ évoluent-ils dans le monde ?
La criminalisation et la persécution des LGBT+ à travers le monde
En 2017, les personnes LGBT+ pouvaient être poursuivies en justice dans 72 pays et risquaient des sanctions pouvant aller jusqu’à la peine de mort, selon le rapport annuel de l’ILGA. Dans certains de ces pays, on observe un durcissement récent de l’appareil répressif: en Ouganda par exemple, une loi faisant de la “promotion de l’homosexualité” un délit a été votée en 2013. Parfois, l’homophobie couplée au sexisme aboutit à interdire uniquement l’homosexualité masculine.
La criminalisation a toutefois tendance à diminuer au fil des années, sous la double influence des mouvements militants et des décisions de justice garantissant les droits des citoyens. La justice libanaise a par exemple acté récemment que l’homosexualité n’était pas un crime, ouvrant la voie à la dépénalisation. L’acceptation de l’homosexualité concerne en effet de plus en plus de pays : le Mozambique ou le Lesotho l’ont dépénalisée en 2015. En dix ans, neuf pays ont fait de même. Autre bonne nouvelle : l’OMS devrait retirer en 2019 la transidentité de sa liste des troubles psychiatriques.
Une extension du mariage homosexuel dans le monde
L’une des avancées majeures en terme de droits LGBT concerne la légalisation du mariage homosexuel. Initiée par les Pays-Bas en 2001, l’instauration du mariage entre personnes du même sexe s’est progressivement étendue jusqu’à atteindre une petite trentaine de pays aujourd’hui. Un mouvement continu, puisque de nouveaux pays s’ajoutent à la liste chaque année. Parmi les derniers en date, on compte l’Australie, l’Autriche, ou encore Taiwan, premier pays asiatique de la liste. Des projets sont en discussion dans de nombreux pays, comme la Suisse, le Chili ou Cuba. Les Bermudes font figure d’exception, en étant le premier pays à avoir abrogé sa loi en faveur du mariage gay, en 2018 : preuve que la lutte pour les droits civiques nécessite une vigilance constante.
Une progression timide du droit à définir son identité de genre
En ce qui concerne les droits des personnes transgenres, la situation est bien différente. Rares sont les pays à avoir pris des dispositions législatives pour reconnaître les personnes transgenres. Le droit à l’autodétermination du genre reste marginal à l’échelle de la planète. Dans la plupart des pays qui permettent un changement de genre à l’état civil, les procédures sont jugées humiliantes et dégradantes. Les personnes trans sont obligées d’obtenir l’approbation d’un médecin, parfois d’un psychiatre, et doivent faire face à des procédures juridiques lourdes. Un parcours du combattant qui s’allège peu à peu, notamment avec la fin de la stérilisation obligatoire, autrefois la règle dans de nombreux pays. La France, la Suède ou la Belgique ont choisi ces dernières années de mettre un terme à ces barrières médicales. Mais la médicalisation des personnes trans restent la norme, et l’absence de débat public empêche des évolutions sur ce sujet. Au contraire même, elle les rend vulnérables aux décisions politiques réactionnaires, comme la fin du dispositif fédéral qui garantissait un accès non discriminant aux toilettes pour les personnes transgenres par Donald Trump l’année dernière.
L’Argentine a voté en 2012 une loi pionnière en la matière, qui permet à toute personne majeure de définir son identité de genre et d’obtenir un changement d’état civil sans autorisation juridique ou médicale. Entre 2012 et 2018, la Colombie, la Belgique, le Pakistan, le Danemark, l’Irlande et Malte ont adopté des lois similaires. La Nouvelle-Zélande et l’Australie ont adopté une approche différente, en offrant la possibilité d’une mention de genre “non spécifié”, tandis que d’autres pays comme l’Allemagne proposent d’introduire un troisième sexe pour les personnes ne se reconnaissant pas dans la binarité féminin/masculin. La non-mention du genre permet en outre d’éviter d’assigner de force les personnes intersexes, c’est-à-dire les personnes dont on ne peut pas déterminer le sexe biologique à la naissance, et qui subissent parfois des actes médicaux imposés.
Les discriminations persistent et n’épargnent aucun pays
En terme de droits, les gouvernements favorisent souvent les mesures les plus visibles ou symbolique, comme le mariage, au mépris de droits moins médiatiques mais tout aussi importants. Ainsi, des différences existent concernant la majorité sexuelle, le don du sang ou encore le droit de servir dans l’armée. Face à ces inégalités, les personnes concernées peuvent maintenant s’appuyer sur un arsenal législatif qui garantit l’égalité entre individus et attaquer les États jugés en tort. Les droits LGBT+ progressent donc en partie grâce au droit international, qui vient pallier les manquements des droits nationaux. Un Français avait par exemple saisi la Cour européenne des droits de l’homme après s’être vu refuser de donner son sang en raison de son orientation sexuelle.
Les discriminations subsistent envers les personnes LGBT+ sur tout le globe, y compris dans des pays qui adoptent pourtant des législations très progressistes. Elles sont toujours victimes de stéréotypes et de rejet, qui conduisent parfois à des agressions violentes. Le projet Trans Murder Monitoring a répertorié 1 731 meurtres de personnes transgenres entre 2007 et 2014 dans le monde, souvent caractérisés pour leur brutalité. On estime que les personnes issues des minorités sexuelles sont 3 fois plus exposées à un risque de suicide et elles continuent à avoir un accès au logement ou à l’emploi plus difficile que les personnes cisgenres et hétérosexuelles. Au-delà des droits, se pose donc la question des mentalités, bien plus complexes à faire évoluer. Pour avancer dans cette direction, les décisions législatives devraient être assorties de politiques publiques dans les domaines de l’éducation et de l’accompagnement.
Si les droits LGBT+ tendent donc à s’étendre à travers le monde, il ne s’agit pas d’un mouvement inaltérable. À ce titre, le travail des militants de la cause LGBT+, pour défendre leurs droits et en acquérir de nouveaux, est précieux. L’homophobie et la transphobie persistent partout à des degrés différents, et ce malgré la volonté d’adapter l’appareil législatif aux évolutions sociétales.