Augmentation Actes Anti-LGBT+ en France
Une augmentation marquée des signalements depuis 2016
En 2024, plus de 3 000 actes hostiles envers les personnes LGBT+ ont été enregistrés par les forces de l’ordre en France, selon un rapport publié le 9 octobre par l’Observatoire des inégalités. Ce chiffre marque une multiplication par trois par rapport à 2016, où environ 1 000 faits avaient été signalés. Cette progression n’est pas uniquement le signe d’une hausse des agressions, mais peut aussi refléter une amélioration dans la reconnaissance et la qualification des actes anti-LGBT+ par les services de police et de gendarmerie. L’Observatoire précise ainsi que cette hausse peut s’expliquer en partie par un recours plus fréquent au dépôt de plainte et une meilleure identification de ces actes comme discriminatoires.
Une large sous-déclaration des violences
Malgré cette hausse des signalements, une part importante des victimes ne saisit pas la justice. Les données de l’Observatoire révèlent que seules 20 % des personnes ciblées par des menaces ou violences homophobes ou transphobes déclarent avoir porté plainte. Ce chiffre chute à 5 % lorsqu’il s’agit d’injures. De nombreux actes demeurent donc invisibles, souvent en raison de leur survenue dans des contextes familiaux ou privés, où il est plus difficile d’en apporter la preuve. L’Observatoire souligne cette problématique, qui freine la pleine mesure de la réalité des violences anti-LGBT+.
Une jeunesse particulièrement exposée
Le phénomène touche de manière disproportionnée les jeunes adultes. Les statistiques 2024 du ministère de l’Intérieur indiquent que 36 % des victimes ont entre 18 et 29 ans. À l’inverse, les personnes âgées de plus de 60 ans ne représentent que 5 % des cas recensés. De plus, les victimes sont majoritairement des hommes, dans 72 % des situations.
La violence verbale reste dominante, mais les agressions physiques persistent
Les formes de violences recensées sont variées. Les injures arrivent en tête, représentant 32 % des infractions signalées, suivies par les menaces (19 %). Toutefois, les agressions physiques graves représentent 21 % des faits rapportés, plaçant ces dernières en deuxième position en termes de gravité. Ces chiffres démontrent que la violence à l’égard des personnes LGBT+ ne se limite pas au harcèlement verbal, mais peut aussi revêtir des formes physiques inquiétantes.
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Un climat numérique préoccupant
Le rapport souligne également l’impact des réseaux sociaux dans la diffusion de discours hostiles. Il met en garde contre la banalisation des propos de rejet de l’homosexualité en ligne, qui participe à alimenter un climat de haine. « Il faudra confirmer ces données dans le temps, mais l’ampleur de cette augmentation a de quoi inquiéter », avertit le rapport.
Un paradoxe entre opinion publique et réalité des faits
Cette montée des actes LGBTphobes contraste avec une certaine évolution positive de la perception de l’homosexualité dans la société. Un sondage IFOP réalisé en juin 2019 indiquait que près de 9 Français sur 10 considéraient l’homosexualité comme « une manière comme une autre de vivre sa sexualité ». Ce décalage souligne que l’acceptation sociétale ne suffit pas à faire reculer concrètement les violences, notamment lorsqu’elles s’enracinent dans des discours haineux ou dans des milieux encore peu sensibilisés.