Associations LGBT+ Jubilé Église catholique
Une participation inédite des associations LGBT+ au Jubilé
Pour la première fois, des associations LGBT+ chrétiennes et leurs soutiens ont été officiellement autorisés à franchir la Porte sainte du Jubilé à la basilique Saint-Pierre de Rome, les 6 et 7 septembre. Cet événement, inscrit dans l’Année sainte célébrée tous les vingt-cinq ans, marque une étape significative dans l’évolution de la position de l’Église catholique vis-à-vis des personnes homosexuelles. Cette ouverture symbolise une transformation pastorale majeure, sans pour autant modifier le dogme.
Une continuité dans l’ouverture initiée par le pape François
Cette décision s’inscrit dans la dynamique amorcée par le pape François depuis 2013, lorsqu’il déclarait lors du retour des Journées mondiales de la jeunesse à Rio : « Si une personne est gay et cherche le Seigneur, fait preuve de bonne volonté, qui suis-je pour la juger ? » Cette déclaration marquait une rupture notable avec la position antérieure de Benoît XVI, qui qualifiait l’homosexualité de « condition objectivement désordonnée ». En revanche, François affirme que l’homosexualité « n’est pas un crime mais une condition humaine », ouvrant la voie à une approche plus inclusive.
Fiducia supplicans : vers une reconnaissance pastorale
En 2023, la déclaration Fiducia supplicans du Saint-Siège a franchi une nouvelle étape en autorisant la bénédiction de couples « en situation irrégulière », incluant les divorcés remariés et les couples de même sexe. Cette démarche s’ancre davantage dans une perspective de miséricorde et d’accompagnement spirituel que dans une réforme doctrinale. Elle promeut un christianisme centré sur l’accueil et la compassion plutôt que sur la condamnation, en cohérence avec les déclarations du pape dans sa lettre du 8 mai 2022 au père James Martin, où il rappelle : « L’Église est une mère et elle accueille tous ses enfants. »
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Une résonance avec l’histoire chrétienne des premiers siècles
Cette évolution contemporaine peut être interprétée comme un retour aux origines plus nuancées du christianisme. Selon l’historien John Boswell, les premiers siècles de l’Église faisaient preuve d’une plus grande tolérance envers les relations homosexuelles, notamment à travers les « amours spirituelles », perçues alors comme des liens sacrés. Toutefois, à partir du XIVe siècle, l’homosexualité est progressivement devenue l’objet d’une réprobation intense, jusqu’à être assimilée à l’hérésie. Maurice Lever souligne que l’institution romaine a contribué à entretenir cette hostilité en superposant les deux catégories.
Une pastorale de la réconciliation : le rôle de Léon XIV
L’approche du pape Léon XIV, successeur de François, prolonge cette ouverture pastorale. Lors de son audience du 1er septembre avec le père James Martin, il a réaffirmé sa volonté de continuer sur cette voie. Bien qu’il ait rappelé dans une interview son attachement à la famille traditionnelle et au mariage hétérosexuel, il n’a pas exclu la bénédiction des couples homosexuels, insistant sur l’accueil de « tous, tous, tous ». Cette posture rejoint les propositions du théologien James Alison, qui prône une Église tournée vers la guérison, la bienveillance et l’intégration des personnes LGBT+.
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Vers une Église sans exclusion : l’appel à une pastorale ouverte
La Conférence épiscopale allemande, dans un rapport publié en 2015, appelait déjà à adopter une attitude bienveillante envers ceux dont le mode de vie ne correspond pas strictement aux enseignements de l’Église. Elle plaidait pour une pastorale exempte de jugement moral, capable de dialoguer avec des fidèles parfois en décalage avec la doctrine officielle.
Lors de la messe jubilaire des pèlerins LGBT+, Mgr Francesco Savino, vice-président de la Conférence épiscopale italienne, a souligné : « Il est temps de rendre la dignité à tous, en particulier à ceux à qui elle a été refusée. » Ce message renforce l’idée que le Jubilé pourrait devenir un moment clé pour restaurer un dialogue sincère entre l’Église et les personnes homosexuelles, en réaffirmant les valeurs chrétiennes d’amour, de charité et de respect de la dignité humaine.
Ce tournant pastoral, porté par une volonté de réconciliation et d’accueil, ne remet pas en cause les fondements dogmatiques de l’Église. Il réoriente cependant sa manière d’envisager la diversité des expériences humaines à la lumière de l’Évangile.