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Une Plainte pour Injures Homophobes Après une Rencontre LGBTQIA+ à Chaumont

Plainte injures homophobes Chaumont
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Plainte injures homophobes Chaumont

Une initiative locale ciblée par des propos haineux en ligne

Une vague de commentaires homophobes a déferlé sur Facebook à la suite de la première rencontre LGBTQIA+ organisée à Chaumont (Haute-Marne), le dimanche 28 septembre. L’événement, qui s’est tenu la veille dans un bar du centre-ville et a réuni six personnes, visait à créer un espace d’échange et de soutien entre individus lesbiennes, gays, bisexuel·le·s, transgenres, queers, intersexes, asexuel·le·s et allié·e·s. Pourtant, la publication relayant l’initiative sur la page Facebook « Chaumont City » a suscité des réactions virulentes et ouvertement discriminatoires.

Parmi les commentaires postés : « Rien à foutre », « marre des tafioles », ou encore « tribu de détraqués ». Des propos qui ne sont pas restés sans conséquence. Al Warnet, à l’origine de cette rencontre, a décidé de porter plainte pour injures homophobes le mardi 30 septembre. « Quand on voit les commentaires, on comprend mieux l’initiative », a résumé un internaute dans un message de soutien plus nuancé, bien que rare.

Un dépôt de plainte nécessaire mais éprouvant

Contacté par France 3 Champagne-Ardenne, Al Warnet confie que l’émotion est depuis retombée, mais que l’expérience du dépôt de plainte reste marquante. « On nous amène à devoir lire les commentaires laissés, sans prendre en compte l’impact que cela peut avoir », explique-t-il. Il souligne également que de nombreux messages haineux sont signés de noms, prénoms et photos réelles, révélant une forme de banalisation inquiétante de l’homophobie.

L’auteur de la rencontre ne s’oppose pas à la critique, à condition qu’elle soit exprimée de manière respectueuse. « Je suis ouvert aux messages constructifs, sans virulence ni moquerie. Il peut y avoir des doutes, des questionnements. »

Une invisibilité sociale persistante en milieu rural

L’idée de cette rencontre répond à un besoin local de visibilité et de lien au sein d’une communauté LGBTQIA+ encore discrète à Chaumont, préfecture de 20 000 habitants. Al Warnet évoque une population diverse mais isolée, sans structure associative pour l’unir. Ayant vécu dans des villes plus ouvertes comme Paris ou Montpellier, il explique vouloir offrir aux personnes concernées un espace pour s’affirmer. « Vous êtes là, vous pouvez être acceptés, être qui vous êtes, ne pas avoir honte », leur a-t-il déclaré.


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La « normativité » hétérosexuelle toujours dominante

Au-delà de la rencontre, l’enjeu est aussi de faire comprendre les réalités vécues par les personnes LGBTQIA+, souvent incomprises ou minimisées. « Ils n’ont pas besoin de Pride hétéro : ils sont dans la mouvance normative », rappelle Al Warnet. Cette normalité hétérosexuelle omniprésente rend invisibles les discriminations que subissent les personnes LGBTQIA+ : agressions dans la rue, discriminations au logement ou à l’emploi, ou encore violences dites correctives.

Il insiste : « Il y a un long chemin de bataille pour se faire accepter, pour éviter les insultes, les violences physiques… Pour être reconnu au même titre qu’une personne hétéro. »

Une volonté de structuration et d’avenir

Face à la violence en ligne subie — qualifiée de « raid numérique » —, Al Warnet a publié un manifeste sur les réseaux sociaux et réfléchit à une structuration plus durable de son action. D’ici 2026, il envisage la création d’une association locale dédiée, afin de proposer régulièrement des temps de rencontre, des permanences en maison des associations, voire des événements festifs.

Et pourquoi pas, à terme, une marche des fiertés à Chaumont. Une manière de transformer la haine subie en action collective et visible.

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