Un festival féministe inclusif et intersectionnel
Depuis le 31 octobre, la Cité Carter à Amiens accueille la septième édition de la Witches Week, un festival féministe fondé en 2018 par plusieurs associations militantes. Jusqu’au 9 novembre 2025, l’événement met à l’honneur les femmes sous toutes leurs formes et dans tous les rôles, à travers des activités artistiques, sportives, culturelles et militantes. Conférences, expositions, ateliers et performances rythment cette semaine conçue pour valoriser la diversité des expériences féminines.
Revendiquer le terme de « sorcière » comme acte de résistance
Blandine Carles, cofondatrice du festival, revient sur la symbolique du nom : « Les sorcières ont longtemps été victimes de stéréotypes, de violences, simplement parce qu’elles étaient indépendantes, instruites ou connaissaient les plantes médicinales. En reprenant ce terme à connotation péjorative, nous le transformons en une force pour faire un festival peuplé de sorcières riches de savoirs et de créativité », explique-t-elle. Ce choix revendique une filiation avec des figures de résistance féminine à travers l’histoire.
Le sport comme outil d’émancipation corporelle
Le dimanche 2 novembre, un atelier de fitness inclusif a permis aux participantes de se reconnecter à leur corps sans jugement. Mené par Lisa Nasri, coach sportive, ce moment sportif s’inscrit dans une démarche de bienveillance. « Si on connaît son corps, on est préparé aux critiques extérieures. Mieux le connaître, c’est aussi savoir l’écouter, adapter les mouvements, être plus indulgente avec soi-même. C’est ça, un cours de sport réussi », affirme-t-elle. Pour elle, apprendre à se regarder avec plus de douceur permet aussi de relativiser le regard d’autrui : « Je ne suis pas responsable du regard que quelqu’un porte sur moi », ajoute-t-elle.
Lire aussi : Mobilisation Massive à Buenos Aires : la Marche des Fiertés dénonce la politique de Javier Milei
Broderie militante et partages créatifs
Non loin de là, un atelier de broderie féministe animé par l’artiste Kenza rassemble des femmes autour de créations engagées. Slogans et poèmes prennent forme sur le tissu, dans une ambiance conviviale propice à l’échange. Anissa, participante depuis l’édition précédente, salue ce temps de rencontre : « Ce festival nous permet de mieux nous connaître entre femmes de la ville. On valorise nos compétences et on se découvre autrement qu’ailleurs », explique-t-elle.
Scènes ouvertes et expression artistique engagée
Chaque journée se conclut par des spectacles ou des scènes ouvertes. Le dimanche soir, trois jeunes humoristes, dont Luciole De Feu, une artiste trans, ont foulé la scène. Pour elle, monter sur scène est encore un acte de résistance : « Je suis trop contente de jouer ici. Ça me permet de libérer la parole. Mais j’ai aussi le sentiment que la violence augmente, qu’il faut crier pour exister. J’espère qu’on est prêtes à ça », confie-t-elle avec émotion.
Des femmes aux commandes techniques du festival
Au-delà de la scène, la Witches Week s’attache à former et intégrer les femmes dans les métiers techniques liés à l’événementiel, souvent dominés par les hommes. Certaines participantes ont ainsi été initiées au son et à la lumière. Blandine Carles souligne l’importance de proposer un cadre sécurisant et bienveillant : « Il y a très peu de femmes dans ces secteurs. Il faut parfois un environnement où l’on peut apprendre sans subir de sexisme », précise-t-elle. Que ce soit au bar, à la régie ou ailleurs, l’organisation s’efforce de mettre des femmes à tous les postes.
Un rendez-vous ancré dans le paysage amiénois
Grâce à sa diversité d’activités, la Witches Week attire un public varié et de plus en plus nombreux. « Au début, on ne remplissait pas la salle. Aujourd’hui, on atteint 100 à 200 personnes par soirée », note l’organisation. Au total, environ 1 200 personnes sont attendues durant toute la durée du festival. Ce rendez-vous s’est imposé comme un temps fort pour la communauté amiénoise et au-delà, combinant engagement, culture et sororité.
La Witches Week se poursuit les 7, 8 et 9 novembre 2025, à la Cité Carter à Amiens, avec de nouvelles propositions artistiques, militantes et participatives.






