Projet Carte Queer Hérault Séte
Une initiative locale à l’origine d’un projet ambitieux
Lancée à Sète en juin 2025, l’association Queers s’impose rapidement comme un acteur dynamique de la visibilité LGBTQIA+ dans l’Hérault. Son objectif : créer une carte des vécus queer à partir de centaines de témoignages. Fabien Boissonade et Aurélie Dufour, à l’origine du projet, s’étaient auparavant impliqués dans une autre structure locale et avaient co-organisé la première Semaine des Fiertés à Sète. Leur départ marque non pas une rupture, mais une volonté de proposer un nouvel espace militant. « Nous avions une volonté de plus », explique Fabien Boissonade. « La queerness ouvre un horizon positif. Elle propose un regard décalé sur la société et sur notre façon de vivre ensemble. »
Avec quatre autres membres, ils fondent Queers et entament dès septembre une série d’actions, dont une vaste enquête qui pose les bases d’un projet cartographique unique en région.
Une carte des vécus queer au service du collectif
Au cœur du projet, une « cartographie queer » construite à partir de trois questionnaires distincts. Ces derniers interrogent les expériences personnelles, les mobilités en ville et les relations amoureuses. Chaque personne choisit librement à quels volets elle souhaite répondre. « Nous voulons une base solide. Nous avons réuni entre 300 et 400 réponses », indique Aurélie Dufour.
La majorité des retours provient du bassin de Thau, même si quelques contributions viennent aussi de l’étranger ou d’autres régions françaises. L’objectif ne se limite pas à identifier des lieux sûrs ou hostiles, mais à mieux comprendre l’occupation queer de l’espace urbain. « Nous ne voulons pas faire du bashing. L’idée est de comprendre comment nous occupons la ville », précise Fabien Boissonade.
Les réponses évoquent aussi bien les zones évitées que les espaces perçus comme accueillants, en tenant compte des perceptions individuelles. Certains évitent un quartier non par peur, mais parce qu’il semble peu accessible ou éloigné. Cette nuance est essentielle à l’analyse.
Une méthodologie à la fois inclusive et rigoureuse
La démarche combine des dimensions géographiques, sociales et identitaires. Les questionnaires sont pensés pour orienter les répondants sans les enfermer dans des catégories rigides. L’objectif : faire émerger une réalité collective en respectant les vécus singuliers.
Les échanges sur les stands participent pleinement au processus. Certains remplissent les questionnaires seuls, d’autres préfèrent dialoguer. Une observation marque les organisateurs : de nombreux hétérosexuels se disent « fluides », ou en questionnement. « L’inclusion fait partie de nos objectifs. Cette ouverture allait de soi », explique Aurélie Dufour.
Cette porosité des identités alimente la réflexion sur la définition du terme queer, perçu ici davantage comme un ressenti que comme une simple catégorie sociale.
Une restitution artistique et collaborative
La carte finale est désormais entre les mains d’étudiants des classes préparatoires aux Beaux-Arts de Sète. Ce sont eux qui définiront sa forme : numérique, physique, ou les deux. Cette restitution se veut autant artistique qu’utilitaire, avec l’ambition d’en faire un outil librement accessible.
L’objectif est de proposer une ressource utile pour les institutions, les associations et les acteurs locaux, afin d’améliorer la compréhension et l’intégration des personnes LGBTQIA+ sur le territoire.
Une réponse à un vide institutionnel
Pour les responsables de Queers, l’absence d’acteurs engagés localement sur les droits LGBTQIA+ explique aussi la création de l’association. « Il n’y a rien. Cette absence explique aussi la naissance de Queers », déplore Fabien Boissonade.
Plutôt que de se substituer aux structures existantes, l’association cherche à renforcer les synergies. Elle n’a pas encore de local attitré, mais utilise pour l’instant la Bourse du Travail comme point d’ancrage. D’autres associations, comme Les Alliés du Barreau, envisagent également d’ouvrir une permanence à Sète.
À plus long terme, Queers envisage de développer un réseau interassociatif en Méditerranée, en lien avec des structures montpelliéraines. Ce projet régional s’appuie sur une réalité culturelle partagée : les villes portuaires du Sud façonnent de manière singulière les comportements sociaux et les identités.
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Vers un travail de mémoire queer
À partir de janvier, l’association lancera une collecte de récits de vie, en format audio ou vidéo. Plusieurs témoignages sont déjà en préparation, notamment celui d’un couple de lesbiennes âgées ayant quitté Sète pour vivre leur amour plus librement. D’autres histoires évoqueront les trajectoires invisibilisées, les coming-out tardifs, ou encore les évolutions sociales dans la région.
Les récits de jeunes viendront également enrichir cette mémoire collective, en soulignant les transformations générationnelles et les résistances encore présentes.
Trois temps forts pour clôturer l’année
Pour renforcer le lien avec le public, Queers organise plusieurs événements en décembre. Le 7 décembre, un apéritif au Court Bouillon, de 18h à 20h, permettra de présenter l’association et ses projets futurs, tout en accueillant les personnes intéressées à s’impliquer.
Le 12 décembre, la Bourse du Travail de Sète accueillera une réunion publique interassociative. Sept structures y exposeront leurs missions, offrant au public une vue d’ensemble des services existants sur le territoire.
Enfin, le 19 décembre, Queers s’associera à Le Dancing pour une soirée festive intitulée Queersmas Bingo et Dancing Queers, de 19h à 2h. Au programme : bingo de Noël animé par Docteur Lavande et Enzo.mademoiselle, cadeaux à la clé, puis cinq heures de DJ sets avec Chic Type, Jackson Molok et Chantal Sauvage.






