maire de Saint-Étienne chantage
Ouverture du procès à Lyon
Le procès de Gaël Perdriau, maire de Saint-Étienne, s’est ouvert ce lundi 22 septembre au tribunal correctionnel de Lyon. L’édile de 53 ans, ancien membre du parti Les Républicains, comparaît pour des accusations graves : chantage, association de malfaiteurs et détournement de fonds publics. Au cœur de l’affaire, une vidéo à caractère sexuel impliquant son ex-premier adjoint, Gilles Artigues, qui aurait été utilisée comme levier de pression politique. Les faits remontent à 2015, et l’affaire a été révélée en 2022 par Mediapart.
Un chantage organisé sur fonds publics
Selon l’enquête, l’opération aurait été financée par des subventions municipales pour un montant estimé à 40.000 euros. Ces fonds publics auraient transité par deux associations locales, dirigées par des proches des protagonistes et aujourd’hui également poursuivies pour « abus de confiance ». Gaël Perdriau est accusé d’avoir orchestré l’ensemble du dispositif visant à discréditer Gilles Artigues, un élu catholique connu pour son opposition au mariage pour tous. L’objectif présumé : exercer un contrôle politique sur un allié devenu encombrant après les municipales de 2014.
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Des aveux et des enregistrements accablants
Le complot aurait été imaginé par Gilles Rossary-Lenglet, ancien compagnon de l’adjoint à l’Éducation de l’époque, Samy Kéfi-Jérôme. Ce dernier aurait attiré Gilles Artigues dans une chambre d’hôtel où une caméra avait été dissimulée. Selon l’ordonnance de renvoi, des extraits d’enregistrements audio – obtenus à l’insu du maire – le montrent en train d’évoquer la vidéo incriminée à plusieurs reprises.
Pierre Gauttieri, directeur de cabinet de Perdriau à l’époque, a dans un premier temps nié son implication, avant de la reconnaître. Il a aussi avoué avoir envisagé un autre stratagème contre Michel Thiollière, ancien maire de la ville, en l’impliquant avec une travailleuse du sexe mineure — un plan finalement abandonné.
Une défense qui dénonce un dossier « à charge »
Malgré les éléments versés au dossier, Gaël Perdriau clame son innocence. Il qualifie l’instruction de partiale et accuse ses opposants de vouloir l’éliminer politiquement avant les municipales de 2026. « J’ai besoin d’être débarrassé de cette épée de Damoclès », a-t-il affirmé à l’AFP, dénonçant une « campagne de [s]es opposants ».
Ses avocats, Jean-Félix Luciani et Christophe Ingrain, rejettent la crédibilité des accusations, dénonçant un montage basé sur quelques propos sortis de leur contexte. Le maire, qui a été exclu de son parti mais reste en fonction, entend se représenter devant les électeurs l’année prochaine, espérant un acquittement d’ici là.
Une affaire à fort retentissement
Ce procès, qui mêle politique locale, enjeux moraux et fonds publics, suscite une forte attention médiatique et politique. Il pose des questions sur les dérives possibles dans l’usage des ressources publiques à des fins personnelles ou partisanes, mais aussi sur les méthodes utilisées pour discréditer un adversaire politique. Le tribunal devra désormais faire la lumière sur ces accusations lourdes et déterminer les responsabilités de chacun des prévenus.