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Une Pride Historique à Pécs : la réponse éclatante de la société civile hongroise au gouvernement Orbán

Pride historique à Pécs
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Pride historique à Pécs

Une participation sans précédent malgré l’interdiction officielle

Le 4 octobre, les rues de Pécs, dans le sud de la Hongrie, ont été le théâtre d’une Marche des Fiertés sans précédent, rassemblant entre 7.000 et 8.000 participants, selon l’Agence France-Presse (AFP). Cette affluence record marque une progression spectaculaire par rapport aux précédentes éditions, avec un nombre de manifestants multiplié par sept. Et ce, malgré l’interdiction de la marche par le gouvernement de Viktor Orbán, décision confirmée le 15 septembre par la Cour suprême hongroise.

Après le succès massif de la Pride de Budapest en juin dernier – qui avait attiré plus de 200.000 personnes – cette mobilisation à Pécs constitue un nouveau signal fort envoyé à l’exécutif hongrois. Face à un Premier ministre ultraconservateur qui a institutionnalisé la discrimination à l’égard des personnes LGBTQI+, la population civile se mobilise de plus en plus largement.

Une atmosphère tendue, mais aucun incident majeur

Avant le jour J, des militants LGBTQI+ avaient exprimé leurs craintes d’une répression policière, notamment en raison de la faible couverture médiatique internationale comparée à celle de la capitale. « Il n’y a pas d’attention mondiale, c’est exactement pour cela que je me suis déplacé. La Hongrie est devenue le cheval de Troie de la Russie au sein de l’Union européenne, utilisant la LGBTphobie pour affaiblir les fondements de la démocratie européenne », a déclaré Rémy Bonny, directeur exécutif de l’association européenne Forbidden Colours, sur Instagram la veille de la marche.

Sur place, les participants étaient pleinement conscients des enjeux. « Cette manifestation ne concerne plus seulement la communauté LGBTQ, mais la restriction de nos droits humains fondamentaux », a affirmé Vencel Toth, étudiant de 18 ans, cité par l’AFP. La marche a ainsi fédéré bien au-delà du public LGBTQI+ habituel, accueillant de nombreux alliés. « Nous sommes là pour défendre nos libertés fondamentales », a expliqué Edit Sinko, enseignante et psychologue de 58 ans, qui a précisé ne pas faire partie de la communauté LGBTQI+, mais être solidaire en tant qu’amie et éducatrice.

Un contournement stratégique face à une législation liberticide

Depuis avril, la Constitution hongroise inclut des mesures explicitement anti-LGBTQI+, comme l’interdiction du mariage homosexuel, la non-reconnaissance administrative des personnes trans, et l’interdiction de toute manifestation visant à « promouvoir » l’homosexualité ou la transidentité. Ces dispositions, déjà présentes dans la législation ordinaire, ont désormais valeur constitutionnelle.

En juin, pour contourner ces restrictions, le maire de Budapest, Gergely Karácsony, avait organisé la Pride sous forme de « festival culturel ». À Pécs, les organisateurs ont innové en enregistrant la marche comme un « rassemblement contre la surpopulation des animaux sauvages, responsables et victimes de nombreux accidents de la route », a expliqué Peter Heindl, avocat et militant impliqué.


Lire aussi : La Police Hongroise Interdit une Nouvelle Marche des Fiertés à Pécs


Une mobilisation grandissante dans une ville jusque-là discrète

Depuis 2021, Pécs est la deuxième ville hongroise à accueillir une Pride, mais les précédentes éditions avaient rassemblé peu de monde, autour d’un millier de personnes. Cette année, l’explosion de la participation témoigne d’un tournant sociétal. Les slogans brandis pendant la marche – « La Hongrie est une dictature », ou encore « Le gouvernement punit la Pride mais récompense les pédophiles » – témoignent de la colère populaire et du ras-le-bol face à une politique perçue comme répressive et hypocrite.

Des contre-manifestants ont tenté d’interrompre le cortège, sans parvenir à le bloquer. La manifestation s’est donc déroulée sans affrontement majeur, un signe encourageant pour les prochaines mobilisations.

Soutien européen face aux dérives du régime

Face à cette dérive autoritaire, la Commission européenne a pris position. Elle a notamment lancé une procédure judiciaire contre la loi anti-LGBTQI+ de Viktor Orbán devant les juridictions européennes et suspendu 18 milliards d’euros de fonds européens en raison de violations des principes fondamentaux de l’Union. L’affaire est actuellement en délibéré devant la Cour de justice de l’UE, avec un verdict attendu dans les prochaines semaines.

En parallèle, des gestes symboliques ont également été posés. Hadja Lahbib, commissaire européenne à l’Égalité, a récemment salué Viktoria Radvanyi, présidente de Budapest Pride, inscrite au classement des « 100 personnalités d’avenir » du Time magazine. Une reconnaissance politique forte à l’égard de la mobilisation LGBTQI+ hongroise – et un message direct adressé à Viktor Orbán.

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