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Pride des Banlieues 2025 : une marche des fiertés ancrée dans les quartiers populaires

Pride des Banlieues 2025
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Pride des Banlieues 2025 : une marche des fiertés ancrée dans les quartiers populaires

Depuis 2019, la Pride des banlieues bouleverse les codes traditionnels des marches des fiertés en France. Née à Saint-Denis, cette initiative unique vise à rendre visibles les personnes LGBTQIA+ vivant en banlieue, tout en portant des revendications intersectionnelles fortes : accès à la santé, au logement, lutte contre le racisme et contre la précarité.

Bien plus qu’un simple défilé, cette Pride affirme que la fierté ne doit pas être cantonnée aux centres-villes bourgeois, mais aussi vivre dans les quartiers populaires, là où l’exclusion sociale frappe fort. À travers cet article, découvrons ensemble l’histoire, les enjeux, les critiques et les perspectives de cette marche engagée.


1. Une naissance militante en 2019 à Saint-Denis

La Pride des banlieues voit le jour en 2019, sous le slogan « la marche des fiertés en banlieue ». L’événement réunit 3 000 personnes selon les organisateurs (1 000 d’après Le Huffington Post), un chiffre qui témoigne déjà d’une forte mobilisation locale.

La volonté derrière cette création est claire : montrer que les quartiers populaires ne sont pas intrinsèquement homophobes et que les personnes LGBTQIA+ issues de ces territoires méritent visibilité et respect. Ce premier défilé se termine par une grande soirée festive à Saint-Denis, marquant un tournant pour la visibilité queer en périphérie.


2. Des revendications ancrées dans la réalité des quartiers

Contrairement aux Prides institutionnelles souvent axées sur des revendications nationales, la Pride des banlieues s’inscrit dans une approche intersectionnelle. Elle met en lumière des problèmes spécifiques :

  • Accès à la santé sexuelle, notamment à la PrEP (prophylaxie pré-exposition), difficile d’accès dans certaines zones de Seine-Saint-Denis.
  • Lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, qui touche de nombreux jeunes LGBTQIA+.
  • Combat contre le racisme, omniprésent dans les parcours de vie de nombreuses personnes queer racisées.
  • Droit au logement, devenu un axe majeur dès la deuxième édition.

Certains organisateurs insistent aussi sur l’importance de visibiliser les identités musulmanes et queer, revendiquant le droit à l’existence plurielle, entre foi, culture et orientation sexuelle.


3. Une pause forcée pendant la pandémie

Les années 2020 et 2021 marquent un coup d’arrêt, la pandémie de Covid-19 rendant impossible toute mobilisation physique. Pourtant, l’élan est conservé à travers des actions en ligne, des débats et la préparation des éditions futures.


4. Le retour en force de 2022 à 2025

En 2022, la marche revient avec un soutien officiel de la mairie de Saint-Denis. La foule est au rendez-vous : 10 000 personnes selon le collectif organisateur. Ce retour marque la solidification du mouvement dans le paysage militant français.

En 2024, la Pride des banlieues se tient à La Courneuve, en pleine période électorale. Les organisateurs expriment un soutien critique au Nouveau Front populaire, affirmant une posture politique sans alignement total.

L’édition 2025, également à La Courneuve, confirme la pérennité de l’événement : des milliers de manifestant·es défilent pour la visibilité LGBTQIA+ des quartiers, entre banderoles, slogans, musique et revendications sociales concrètes.


5. Pride des Banlieues 2025 : Un mouvement à la croisée des luttes

La Pride des banlieues ne se contente pas de défendre des droits LGBTQIA+, elle questionne les logiques de domination croisées : orientation sexuelle, genre, origine, classe sociale, religion.

Cette volonté de convergence des luttes a donné naissance à des slogans puissants comme :

  • « Racisé·e, trans et fier·e ! »
  • « Pas de fierté sans justice sociale »
  • « L’islam et le queer ne sont pas incompatibles »

Pour beaucoup, cette Pride représente un espace sécurisant et inclusif que les grandes marches parisiennes n’offrent pas toujours.


6. Les critiques et polémiques : une marche pas si consensuelle

La Pride des banlieues ne fait pas l’unanimité. Christine Le Doaré, militante lesbienne aux prises de position controversées, critique vivement la convergence des luttes, accusant la marche de reléguer au second plan la lutte contre les LGBTphobies.

En octobre 2024, des propos du porte-parole Axel Ravier, affirmant que l’homophobie doit être abordée différemment en banlieue qu’à Paris, provoquent un tollé. Un collectif LGBT universaliste l’accuse de relativisme. Ces débats soulignent les tensions internes au mouvement LGBTQIA+ entre différentes approches militantes.


7. Une fierté incarnée : les témoignages qui comptent

Au-delà des chiffres et des polémiques, la Pride des banlieues est avant tout un espace de libération. Témoignages recueillis dans Libération ou L’Obs le confirment :

  • « Pour la première fois, j’ai marché sans peur dans ma ville. »
  • « Cette Pride me représente. Elle parle de ma vie, de mon quartier. »
  • « Être racisé·e, queer, pauvre et vivant en banlieue, c’est exister à la croisée des oppressions. La Pride me permet d’exister. »

Ces voix incarnent la nécessité d’une Pride décentrée, tournée vers les réalités vécues.


Lire aussi : Gay Pride de Paris 2025 


8. Le rôle de la Pride des banlieues dans le paysage militant LGBTQIA+

Selon la sociologue Ilana Eloit, la multiplication des marches (Inter-LGBT, Pride radicale, Pride des banlieues) enrichit le mouvement LGBTQIA+ en France. Cette diversité de mobilisations révèle l’évolution du militantisme, plus segmenté mais aussi plus représentatif des multiples identités queer.

La Pride des banlieues occupe donc une place stratégique : celle d’un pont entre les luttes sociales et les luttes identitaires, dans un contexte où la précarité frappe durement une partie de la jeunesse queer.


9. Une initiative soutenue et relayée par la culture

La marche s’accompagne souvent de concerts, de performances artistiques et d’ateliers de sensibilisation. Ce mélange entre culture et militantisme permet de créer une atmosphère conviviale, bien loin des clichés de violence et de repli communautaire souvent véhiculés sur les banlieues.


10. Et maintenant ? L’avenir de la Pride des banlieues

À l’heure où l’extrême droite progresse et que les discours anti-LGBT se banalisent, la Pride des banlieues devient plus que jamais un rempart essentiel. Elle porte la promesse d’un avenir inclusif, où les identités queer des quartiers populaires ne seront plus invisibilisées.

Ses prochaines éditions devront faire face à des enjeux politiques complexes, mais elles peuvent aussi inspirer d’autres territoires à créer des événements similaires.


Conclusion sur la Pride des Banlieues 2025 : Une fierté au cœur des marges

La Pride des banlieues n’est pas qu’une marche. C’est un cri politique, une réponse collective à l’invisibilisation, un appel à la dignité. En mettant au centre celles et ceux qui sont d’ordinaire à la marge, elle redéfinit ce que signifie être fier·e, être visible, être libre.