Pays Dangereux LGBT
En 2025, être lesbienne, gay, bi ou trans (LGBT) reste extrêmement risqué dans de nombreux pays. Malgré des avancées législatives dans certaines régions, l’homophobie et la transphobie d’État perdurent ailleurs. Certains pays dangereux pour les personnes LGBT affichent des lois répressives – allant de peines de prison à la peine de mort – et tolèrent les violences ou persécutions envers cette communauté. Cet article, au ton informatif et journalistique, dresse un état des lieux des pays les plus dangereux pour les personnes LGBT en 2025, en expliquant les raisons (lois anti-LGBT, criminalisation, violences, persécutions, exécutions, absence de protection juridique, etc.) et en s’appuyant sur des données récentes (2024-2025). L’objectif est d’informer sur les risques réels encourus dans certains États et de sensibiliser sur la situation des droits LGBT dans le monde.
Criminalisation mondiale et lois anti-LGBT en 2025
Plus de soixante pays dans le monde criminalisent encore l’homosexualité en 2025, dont une douzaine prévoient explicitement la peine de mort. Autrement dit, environ un tiers des États considèrent les relations homosexuelles comme un crime. Ces lois anti-LGBT, souvent héritées de la colonisation ou fondées sur la charia, exposent les personnes concernées à de lourdes peines. Dans une douzaine de pays, les actes homosexuels consensuels entre adultes peuvent entraîner une condamnation à mort – que ce soit par pendaison, lapidation ou autre méthode d’exécution. Les pays suivants figurent parmi ceux dont la législation prévoit la peine capitale pour l’homosexualité : l’Iran, l’Arabie saoudite, le Yémen, la Mauritanie, le Brunei, certains États du nord du Nigeria appliquant la charia, et depuis 2023 l’Ouganda. D’autres pays comme l’Afghanistan sous régime taliban ou le Somalie (dans les zones contrôlées par les milices Al-Shabab) rendent également possible (de facto) l’exécution des personnes LGBT, même si le texte de loi peut être moins explicite.
Outre ces peines extrêmes, beaucoup d’autres pays dangereux pour les personnes LGBT imposent des peines de prison sévères (parfois à vie) pour toute relation homosexuelle. Par exemple, en Tanzanie, en Malaisie ou au Pakistan, les relations homosexuelles sont passibles de 10 ans de prison ou plus. Dans de nombreuses régions, il n’existe aucune protection juridique contre les discriminations ou les crimes de haine anti-LGBT. Au contraire, les gouvernements attisent souvent l’hostilité par des discours haineux ou des lois liberticides (par exemple en interdisant toute « propagande » ou promotion des droits LGBT, comme en Russie avec la loi de 2022 qui élargit l’interdiction de la « propagande LGBT »).
Enfin, dans ces pays, la violence homophobe et transphobe est courante, souvent en toute impunité. Des agressions par des foules, des lynchages ou des meurtres ciblés ont été documentés dans divers États d’Afrique, du Moyen-Orient ou d’Asie, parfois avec la complicité ou la passivité des autorités. Même sans condamnation officielle, être simplement perçu comme LGBT peut conduire à des sévices graves de la part de la police, de groupes militants ou même de sa propre famille. Dans les sections suivantes, nous analysons en détail plusieurs pays parmi les plus dangereux pour les personnes LGBT en 2025, en expliquant pour chacun la situation juridique et les persécutions rapportées récemment.
Iran : lois mortelles et exécutions d’opposants LGBT
L’Iran figure systématiquement parmi les pays les plus dangereux pour les personnes LGBT. La République islamique applique une interprétation rigoriste de la charia : l’homosexualité y est illégale et passible de la peine de mort d’après le code pénal islamique. Les relations entre hommes (« lavat ») comme entre femmes (« mosaheqeh ») sont criminalisées, avec des peines allant de la flagellation jusqu’à l’exécution en cas de récidive ou de circonstances aggravantes. Concrètement, les juges iraniens prononcent régulièrement des condamnations à mort pour des faits liés à l’orientation sexuelle, souvent sous couvert d’autres charges (telles que la « sodomie », le « viol » ou la « corruption sur Terre »).
Les données récentes confirment la dangerosité croissante de la situation. En septembre 2022, deux femmes iraniennes – Zahra Seddiqi Hamedani, 31 ans, et Elham Choubdar, 24 ans – ont été condamnées à mort par un tribunal d’Urmia en raison de leurs liens avec la communauté LGBTQ+ sur les réseaux sociaux. Officiellement accusées de « corruption sur Terre » et de trafic d’êtres humains, elles auraient en réalité été visées pour avoir « promu l’homosexualité » et défendu les droits des LGBT. Cette affaire, révélée en 2022, a provoqué l’indignation des ONG, qui dénoncent un procès inique et des charges fabriquées par les autorités iraniennes. Par le passé, d’autres exécutions de personnes LGBT ont été rapportées en Iran : ainsi, en 2019, un jeune homme accusé de relations homosexuelles a été pendu dans la prison de Mashhad, et des cas similaires avaient déjà fait scandale en 2005-2006 (exécution de deux adolescents) ou en 2016. La plupart du temps, le régime présente ces victimes comme des « violeurs » ou des criminels pour justifier leur mise à mort, alors qu’il s’agit de punir leur orientation sexuelle.
Au-delà de ces exécutions légales, la répression générale en Iran vise aussi les militants LGBT. Les services de renseignement traquent toute expression de soutien aux minorités sexuelles. Début 2021, Zahra (Sareh) Seddiqi Hamedani – citée plus haut – avait tenté de fuir l’Iran après avoir participé à un documentaire de la BBC sur la condition LGBT dans la région kurde, mais elle a été arrêtée à la frontière. Son cas illustre le fait qu’en Iran, non seulement les actes homosexuels mais aussi la défense des droits LGBT sont assimilés à des crimes capitaux. Face à cette menace permanente, de nombreux Iraniens LGBT vivent cachés ou tentent d’obtenir l’asile à l’étranger. L’Iran reste l’un des rares pays au monde où l’État exécute encore des personnes en raison de leur orientation sexuelle, ce qui en fait l’un des endroits les plus dangereux pour la communauté LGBT en 2025.
Arabie saoudite : charia, clandestinité et châtiments corporels
L’Arabie saoudite est un autre pays du Moyen-Orient où les personnes LGBT font face à des risques extrêmes. Le royaume n’a pas de code pénal codifié, mais applique strictement la charia islamique. Les relations homosexuelles y sont criminalisées et théoriquement passibles de la mort – notamment par lapidation – surtout pour les hommes musulmans mariés reconnus coupables de sodomie. En pratique, pour condamner quelqu’un, les tribunaux saoudiens requièrent souvent des aveux ou le témoignage de quatre hommes adultes musulmans ayant assisté à l’acte, ce qui rend les cas d’application de la peine de mort rares. Cependant, des exécutions pour homosexualité ont bien eu lieu : en 2019, au moins cinq hommes accusés de « comportement homosexuel » ont été exécutés en Arabie saoudite, lors d’une vague d’exécutions de masse dénoncée par Human Rights. Des témoignages indiquent aussi que deux Pakistanais travestis auraient été exécutés en 2017, bien que les autorités saoudiennes l’aient nié.
Le plus souvent, les personnes LGBT en Arabie saoudite subissent d’autres formes de châtiments corporels et d’emprisonnement. Les peines de flagellation (fouet) et de prison ferme sont fréquemment prononcées pour sanctionner des actes homosexuels ou simplement l’expression d’une identité de genre non conforme. Toute visibilité LGBT est absolument interdite : il n’existe ni bar gay, ni association, ni événement public lié à la cause LGBT. L’absence totale de protection juridique signifie que même en dehors du système judiciaire, les personnes soupçonnées d’homosexualité peuvent être la cible d’abus. La police religieuse saoudienne (le Comité pour la promotion de la vertu et la prévention du vice) surveille activement les comportements jugés « indécents ». Elle a déjà mené des raids sur des réunions privées et arrêté des individus pour de simples discussions ou publications en ligne évoquant l’homosexualité.
En 2023, la communauté LGBT saoudienne vit donc dans la clandestinité complète, par crainte de représailles violentes. L’arbitraire judiciaire renforce le danger : sans code écrit clair, un juge peut qualifier presque tout acte de « déviant » et prononcer de lourdes peines. De plus, l’environnement social est très hostile – l’homosexualité reste un tabou absolu, condamnée aussi bien par les chefs religieux que par les responsables politiques. Toute personne perçue comme LGBT risque le rejet familial, l’agression par des tiers, voire le meurtre d’honneur. L’Arabie saoudite demeure ainsi l’un des pays les plus répressifs envers les LGBT, où la peur d’être découvert est quotidienne.
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Afghanistan : terreur sous les talibans pour les personnes LGBT
Depuis le retour au pouvoir des talibans en août 2021, l’Afghanistan est redevenu l’un des endroits les plus dangereux au monde pour les personnes LGBT. Sous l’émirat islamique taliban, la charia la plus stricte est appliquée sans concession : l’homosexualité est considérée comme un crime gravissime, puni de mort. Un juge taliban a ainsi publiquement déclaré en 2021 à propos des homosexuels : « Il ne peut y avoir que deux punitions : soit la lapidation, soit être écrasé sous un mur ». Cette citation glaçante, confirmée par un porte-parole taliban qui a rappelé que les personnes LGBT sont « contraires à [leur] charia », résume la menace existentielle pesant sur la communauté LGBT afghane.
Sur le terrain, les témoignages recueillis par les ONG depuis 2021 décrivent une situation de terreur permanente. Un rapport conjoint de Human Rights Watch et OutRight Action International publié en 2022 détaille les sévices infligés aux personnes LGBT en Afghanistan depuis le retour des talibans. De nombreuses personnes interrogées rapportent avoir été traquées, agressées ou violées par des membres talibans en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre. D’autres font état de violences de la part de leurs propres familles ou voisins, se sentant encouragés par le climat instauré par les taliban. Les LGBT afghans décrivent la disparition soudaine de toute possibilité de vivre normalement : contraints de changer de domicile constamment, de détruire toute preuve (messages, photos) de leur vie affective passée, et de vivre cachés, dans la peur d’être à tout moment découverts et exécutés. « Il est difficile de mesurer à quel point le retour des talibans a été dévastateur et terrifiant pour les personnes LGBT afghanes », résume un chercheur d’OutRight International.
Les exemples concrets abondent malheureusement. Des talibans ont ainsi arrêté et passé à tabac un jeune gay après l’avoir piégé sur internet fin 2021. Des lesbiennes ont raconté avoir été pourchassées par leurs voisins qui menaçaient de les dénoncer. En 2023, des informations font état d’exécutions extrajudiciaires tenues secrètes de personnes accusées d’homosexualité. Dans ce contexte, toute la communauté LGBT tente de fuir le pays, mais les portes de sortie sont très limitées – les pays voisins (Iran, Pakistan) criminalisant eux aussi l’homosexualité, beaucoup ont peur de s’y réfugier. Quelques organisations internationales s’efforcent d’exfiltrer des personnes LGBT particulièrement en danger, mais la majorité restent piégées en Afghanistan. Sans exagération, pour un homme ou une femme LGBT, vivre en Afghanistan aujourd’hui revient à vivre en sursis, tant la menace de violences ou d’exécution est élevée et constante.
Nigeria : homophobie d’État, charia régionale et chasse aux homosexuels
Plus peuplé pays d’Afrique, le Nigeria est aussi l’un des plus dangereux pour les personnes LGBT en 2025. L’homosexualité y est illégale sur l’ensemble du territoire et lourdement sanctionnée. Selon le code pénal fédéral, hérité de l’ère coloniale, toute relation homosexuelle consentie est passible de 14 ans de prison. De plus, une loi fédérale adoptée en 2014, la Same-Sex Marriage (Prohibition) Act, interdit non seulement le mariage entre personnes de même sexe, mais aussi toute réunion ou organisation LGBTQ+, ainsi que toute « promotion » des droits des homosexuels. Participer à un groupe de soutien LGBT, militer pour les droits LGBT ou même simplement assister à une cérémonie présentée comme un mariage gay peut entraîner jusqu’à 10 ans de prison selon cette loi. En parallèle, dans 12 États du Nord du Nigeria à majorité musulmane, la charia a été instaurée au début des années 2000 : dans ces régions, les tribunaux islamiques prévoient théoriquement la peine de mort par lapidation pour les actes homosexuels entre hommes (peine qui, heureusement, n’a pas encore été formellement exécutée à ce jour).
La combinaison de ces lois crée un climat de persécution intense. Ces dernières années, les forces de l’ordre nigérianes ont mené de véritables rafles collectives contre des personnes soupçonnées d’homosexualité. En octobre 2023, par exemple, la brigade paramilitaire du NSCDC a fait irruption dans une fête d’anniversaire à Gombe (Nord du pays) qu’elle soupçonnait d’être un « mariage gay déguisé » : 76 personnes ont été arrêtées en une nuit lors de ce raid. Deux mois plus tôt, en août 2023, la police avait déjà interpellé 67 personnes lors d’un prétendu « mariage gay » dans l’État du Delta (Sud du Nigeria). Ces arrestations de masse, souvent très médiatisées, s’apparentent à une véritable chasse aux sorcières orchestrée par les autorités. Les personnes arrêtées sont humiliées publiquement, présentées comme des criminels, et risquent des poursuites simplement pour avoir été présentes à une soirée privée. D’après Amnesty International, ces opérations s’apparentent à une « chasse aux sorcières » homophobe et violentent les droits fondamentaux des personnes visées.
La société nigériane étant par ailleurs très hostile aux minorités sexuelles (l’homosexualité est largement considérée comme « inacceptable » par la majorité, selon les enquêtes d’opinion), les personnes LGBT y vivent dans une grande clandestinité. Les agressions homophobes de la part de particuliers sont courantes, encouragées par l’impunité garantie par l’État. Dans certaines régions, des milices ou foules en colère s’en prennent violemment à des individus supposés homosexuels. Les victimes n’osent généralement pas porter plainte, de peur d’être arrêtées à leur tour en raison des lois. En résumé, le Nigeria cumule criminalisation sévère et harcèlement policier, faisant de ce pays un environnement extrêmement dangereux pour les personnes LGBT en 2025. Malgré quelques voix locales qui s’élèvent pour demander l’abolition de ces lois (des défenseurs des droits humains, notamment), le gouvernement nigérian campe sur sa position souveraine et balaie les critiques internationales, au nom des « valeurs culturelles et religieuses ».
Ouganda : une loi anti-LGBT radicale instaurée en 2023
L’Ouganda a fait la une de l’actualité internationale en 2023 en promulguant l’une des lois les plus répressives au monde envers les personnes LGBT. En mai 2023, le président Yoweri Museveni a signé la nouvelle loi dite Anti-Homosexuality Act 2023, qui introduit des peines encore plus sévères que la législation existante. Déjà, l’homosexualité était illégale en Ouganda (héritage d’une loi coloniale britannique) avec des peines pouvant aller jusqu’à la prison à vie. La loi de 2023 va plus loin : elle prévoit désormais la peine de mort en cas d’« homosexualité aggravée ». Ce terme recouvre certaines circonstances spécifiques, par exemple les actes homosexuels répétés, les relations avec un mineur ou une personne vulnérable (handicapée, âgée, inconsciente), ou la transmission intentionnelle du VIH lors d’une relation homosexuelle. Pour les autres cas d’actes homosexuels entre adultes consentants, la nouvelle loi maintient la peine de prison à vie. En outre, elle criminalise sévèrement toute « promotion » de l’homosexualité : toute personne (Ugandais ou ONG) qui défend les droits LGBT ou fournit une aide aux personnes LGBT peut être poursuivie.
Cette loi draconienne a été validée par la Cour constitutionnelle ougandaise en avril 2024, malgré des recours de militants des droits humains. La cour a entériné la plupart des dispositions, y compris la possibilité de condamner à mort des personnes homosexuelles dans certains cas. Human Rights Watch a dénoncé un jugement qui « s’aligne sur la haine et la discrimination » et qui risque d’alimenter un climat de violence anti-LGBT. De fait, depuis l’adoption de la loi, les signalements de persécutions homophobes se multiplient en Ouganda. En août 2023, on a rapporté les premiers inculpés visés par la peine de mort : un jeune homme de 20 ans a été accusé d’« homosexualité aggravée » et inculpé, devenant le second Ougandais passible d’exécution sous la nouvelle loi. Des associations locales font état d’un exode de nombreuses personnes LGBT vers les pays voisins ou la clandestinité totale, terrifiées par la possibilité d’être dénoncées et condamnées.
L’Ouganda avait déjà tenté de voter une loi similaire en 2014 (surnommée à l’époque « Kill the Gays bill ») qui prévoyait la peine de mort, mais celle-ci avait été annulée pour un vice de procédure. Cette fois, le pouvoir a réussi à ses fins. Le président ougandais et de nombreux parlementaires justifient cette loi par la volonté de défendre la culture et les valeurs religieuses locales face à ce qu’ils appellent la « déviance » et la « promotion de l’homosexualité par l’Occident ». Le résultat, c’est un climat de peur sans précédent pour les personnes LGBT en Ouganda : la simple suspicion d’homosexualité peut conduire à des arrestations arbitraires, des violences de la part de la population (encouragées par une sorte de feu vert moral donné par l’État), et désormais potentiellement à la mort juridique. L’Ouganda s’est ainsi hissé en 2023-2025 au rang des pays les plus dangereux du monde pour la communauté LGBT.
Yémen : condamnations à mort sous régime Houthi en 2024
Au Yémen, pays déchiré par la guerre civile depuis 2014, la situation des personnes LGBT est également dramatique. Le Yémen a toujours criminalisé l’homosexualité dans son code pénal : pour les hommes non mariés, la loi prévoit jusqu’à 1 an de prison et 100 coups de fouet, tandis qu’un homme marié condamné pour homosexualité doit être mis à mort par lapidation d’après l’article 264 du code péna. Les actes homosexuels entre femmes sont punis de jusqu’à 3 ans de prison selon l’article 268. En pratique, même avant la guerre, aucune exécution officielle pour homosexualité n’avait été recensée par le gouvernement yéménite, mais l’hostilité sociale forçait déjà les personnes LGBT à la plus grande prudence.
Depuis que les rebelles Houthi contrôlent une grande partie du nord du pays (dont la capitale Sanaa), la répression contre les personnes LGBT a pris une tournure encore plus sinistre. Les autorités de facto Houthis, qui appliquent une lecture ultra-radicale de la charia, ont commencé à orchestrer des procès de masse contre des personnes accusées d’homosexualité. Début 2024, des tribunaux Houthis ont prononcé plusieurs condamnations à mort pour « sodomie » à une échelle sans précédent. En février 2024, treize hommes ont été condamnés à mort par un tribunal de Sanaa pour des actes homosexuels présumés, suivis en mars 2024 de neuf autres hommes condamnés à la peine capitale pour les mêmes motifs. Ces jugements expéditifs se sont déroulés à huis clos, sans réelle possibilité de défense pour les accusés, d’après les organisations de défense des droits humains. Human Rights Watch a confirmé qu’au total, un tribunal Houthi avait jugé 32 personnes pour « sodomie », condamnant 9 d’entre elles à la peine de mort et les autres à des peines de prison ou de flagellation.
Il s’agit d’un net durcissement : jamais auparavant au Yémen autant de gens n’avaient été simultanément condamnés à mort pour homosexualité. Les Houthis utilisent ces procès pour afficher leur rigorisme moral et consolider leur pouvoir via la terreur. Les condamnés sont souvent accusés en plus de « proxénétisme » ou d’autres crimes, histoire de légitimer leur exécution aux yeux du public. Sur le terrain, ces annonces attisent la haine : les personnes LGBT au Yémen vivent dans la peur absolue, risquant à tout moment d’être dénoncées et arrêtées. Il n’existe aucune structure pour les protéger : la police Houthi est précisément celle qui les persécute, et dans le Sud contrôlé par le gouvernement officiel, la loi reste aussi homophobe (même si moins appliquée ces dernières années). En 2025, le Yémen est donc, hélas, l’un des pays où être gay ou trans peut réellement vous coûter la vie du jour au lendemain, sans procès équitable, et sans aucune pitié.
Russie (Tchétchénie) : tortures et « chasse aux gays » en Europe de l’Est
Bien qu’en Russie même l’homosexualité ne soit pas un crime (elle a été dépénalisée en 1993), la situation s’est fortement dégradée ces dernières années, au point que certaines régions russes sont devenues très dangereuses pour les personnes LGBT. En particulier, la république de Tchétchénie (une région à majorité musulmane du Caucase, sous autorité de la Fédération de Russie) s’est rendue tristement célèbre depuis 2017 par sa violente purge anti-gay. Le dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov, allié de Vladimir Poutine, a lancé une véritable chasse aux homosexuels sur son territoire. Des rapports d’ONG et de médias ont révélé qu’au moins une centaine d’hommes soupçonnés d’être homosexuels ont été arrêtés illégalement par la police tchétchène en 2017, enfermés dans des sites secrets, torturés et parfois exécutés. Ces centres de détention clandestins, comparés à des « camps de concentration » par certains survivants, ont fait au moins trois morts confirmés en 2017, et possiblement beaucoup plus de victimes non dévoilées. Les autorités locales nient ces faits, allant jusqu’à prétendre qu’« il n’y a pas d’homosexuels en Tchétchénie ». En réalité, la terreur a poussé la quasi-totalité des personnes LGBT tchétchènes à fuir la région ou à se cacher profondément.
Cette campagne de persécution a connu de nouvelles vagues en 2018 puis 2019, selon Human Rights Watch, avec d’autres arrestations arbitraires et morts suspectes. La complicité du pouvoir fédéral russe est pointée du doigt : Moscou n’a pas sanctionné Kadyrov et a freiné toute enquête, envoyant le message que ces exactions pouvaient continuer en toute impunité. De plus, au niveau national, la Russie a durci son arsenal légal anti-LGBT ces dernières années, ce qui a amplifié les dangers. Depuis décembre 2022, la loi russe interdit toute « propagande LGBT » dans l’espace public (y compris sur internet, dans les médias, les livres, le cinéma, etc.), étendant une censure qui auparavant ne s’appliquait qu’aux contenus accessibles aux mineurs. Désormais, parler positivement des relations homosexuelles, afficher un drapeau arc-en-ciel ou militer pour les droits LGBT peut être puni d’amendes salées et de censure immédiate. Ce climat législatif oppressif a encouragé les homophobes violents : en dehors de Tchétchénie, on constate en Russie continentale une recrudescence des agressions homophobes (passages à tabac, guet-apens via des applis de rencontre, etc.), souvent non poursuivies par la police. Les personnes transgenres, quant à elles, subissent également un rejet croissant, avec des obstacles pour changer d’état civil et un projet de loi en 2023 visant à leur interdire toute reconnaissance légale.
Ainsi, même en Europe, la Russie (et singulièrement la Tchétchénie) représente un danger réel pour les personnes LGBT. Si la peine de mort n’y est pas appliquée légalement pour homosexualité, les exécutions extrajudiciaires et les tortures y ont cours. Ce triste constat rappelle que la dangerosité pour les LGBT ne se limite pas aux seules lois écrites : l’idéologie homophobe d’un régime et l’impunité des agresseurs suffisent à créer un enfer pour la communauté, même sans texte officiel criminalisant l’homosexualité.
Autres pays à risque et conclusion
Les pays détaillés ci-dessus ne sont que quelques exemples saillants. Malheureusement, la liste des pays dangereux pour les personnes LGBT est longue. Dans de nombreux États d’Afrique subsaharienne (comme le Cameroun, le Ghana, la Somalie ou le Sénégal), d’Asie du Sud et du Sud-Est (Pakistan, Bangladesh, Malaisie, Brunei, Indonésie – notamment la province d’Aceh) ou du Moyen-Orient (Qatar, Émirats arabes unis, Irak, Égypte), être LGBT expose à la prison ferme, aux mauvais traitements policiers et à d’importantes violences sociales. Par exemple, en Ghana, le Parlement a adopté en 2024 une loi durcissant encore la répression : si le président la promulgue, toute « promotion ou soutien » aux activités LGBT sera passible de 5 ans de prison. En Égypte, les autorités utilisent des lois sur la « décence publique » pour arrêter des personnes trans ou gays (souvent piégées via les réseaux sociaux), qui subissent ensuite torture et abus en détention, comme l’a documenté Human Rights Watch. Même dans certains pays d’Europe de l’Est ou d’Asie centrale (par exemple la Pologne avec ses « zones sans idéologie LGBT » décrétées par des municipalités, ou l’Ouzbékistan où l’homosexualité reste illégale), le climat est lourdement hostile bien que les niveaux de danger physique immédiat soient moindres qu’en Iran ou en Arabie saoudite.
En 2025, il demeure tragiquement vrai que des personnes risquent leur vie ou leur liberté simplement en raison de leur orientation sexuelle ou identité de genre. Si près de 70 pays dans le monde criminalisent encore les personnes LGBT, l’espoir réside dans la mobilisation internationale et les évolutions sociétales internes. Ces dernières années ont aussi vu quelques progrès significatifs : plusieurs nations (comme l’Inde en 2018, le Botswana en 2019, ou plus récemment des États des Caraïbes) ont abrogé des lois anti-homosexualité, montrant qu’un changement positif est possible. Cependant, face aux reculs observés ailleurs (lois anti-LGBT en Ouganda, au Ghana, offensives conservatrices en Pologne ou en Hongrie, etc.), la vigilance reste de mise.
Informer sur les réalités vécues dans les pays les plus dangereux pour les personnes LGBT est essentiel pour pousser à l’action. Les grandes ONG de défense des droits humains, comme l’ILGA, Human Rights Watch ou Amnesty International, appellent à la dépénalisation universelle de l’homosexualité et à la protection effective des minorités sexuelles. Elles exhortent également les gouvernements et instances internationales à faire pression sur les régimes qui persécutent les personnes LGBT, afin que cessent les arrestations, les violences et les exécutions observées en 2024-2025. En attendant, pour les personnes LGBT vivant dans ces pays, la situation demeure critique : c’est souvent au péril de leur vie qu’elles doivent aimer, s’exprimer ou simplement être elles-mêmes.
Sources officielles
- ILGA World – State-Sponsored Homophobia Report (rapport mondial de l’ILGA sur les lois concernant l’orientation sexuelle, données 2020-2023)pgaction.org.
- Human Rights Watch – Articles et rapports sur la situation des personnes LGBT, notamment : Uganda: Court Upholds Anti-Homosexuality Act (04/04/2024)hrw.org ; Afghanistan: Taliban Target LGBT Afghans (rapport 2022)hrw.org.
- Amnesty International – Communiqués récents dénonçant les persécutions anti-LGBT, par ex. en Ouganda (30/08/2023)genderpersecutionobservatory.org, au Nigeria (10/2023) et au Yémen.
- Rapports ONU – Déclarations du Haut-Commissariat aux droits de l’homme (ex: appel d’experts de l’ONU du 28/09/2022 pour stopper l’exécution de deux militantes LGBT en Iran).
(Ces sources fournissent des informations détaillées et actualisées sur la législation et les violences subies par les personnes LGBT dans le monde.)