Une démission marquante après cinq années intenses
Élue en 2020 à la tête de la petite commune de Tilloy-lez-Marchiennes, près de Valenciennes, Marie Cau a marqué l’histoire en devenant la première personne transgenre élue maire en France. Toutefois, le 14 janvier 2025, elle adresse sa lettre de démission au préfet du Nord, mettant un terme à son mandat avant son terme. Une décision motivée par une fatigue intense et des tensions croissantes au sein du conseil municipal, où elle s’était retrouvée mise en minorité.
« Les agressions que j’ai subies, c’est surtout des agressions en tant que maire », déclarait-elle alors. « Les gens, quand ils viennent voir un maire, au lieu de dire ‘j’ai un problème’, ils commencent par lui crier dessus. »
Une expérience politique jugée globalement positive
Aujourd’hui, six mois après son départ, Marie Cau réside toujours à Tilloy-lez-Marchiennes, juste en face de la mairie. Elle garde un souvenir globalement positif de son passage à la tête de la commune.
« Ça a été une super expérience », confie-t-elle avec recul. Pour elle, cette visibilité en tant que personne transgenre a eu un effet libérateur : « Quand on est une personne transgenre, on se cache toute la vie. Être connue et appréciée pour ce qu’on est, c’est une forme de rédemption. »
Toutefois, elle nuance son enthousiasme en pointant la toxicité d’une minorité locale qui, selon elle, fait obstacle à la vie démocratique dans les petites communes. « Ce sont toujours des gens avec des problèmes d’ego, des intérêts personnels, qui jouent un jeu politique délétère », regrette-t-elle.
Le désengagement citoyen, un frein à son action
Au-delà des conflits internes, Marie Cau se dit surtout déçue par le manque d’engagement des habitants. Elle espérait insuffler une dynamique participative, mais ses tentatives sont restées sans grand écho. « Les gens sont casaniers, ils ne veulent pas s’investir. Mobiliser pour un événement local est devenu très difficile », constate-t-elle. Selon elle, cette inertie sociale a été un véritable obstacle à la mise en œuvre de ses projets.
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Une visibilité source de critiques, mais aussi d’avancées
Si elle admet que sa transidentité n’a pas facilité son mandat, elle souligne que ce n’était pas le problème principal. Les défis qu’elle a rencontrés sont similaires à ceux que vivent de nombreux élus ruraux : manque de ressources, attentes irréalistes de la population.
« Le fait d’être transgenre n’a pas aidé, c’est certain, mais ce n’était pas le cœur du problème », affirme-t-elle. Elle évoque néanmoins des propos transphobes entendus dans la commune, jamais en public, mais dont la portée n’en restait pas moins nocive. « C’était un facteur aggravant. »
Entre fatigue, engagement associatif et projets à venir
Aujourd’hui, Marie Cau aspire d’abord à un peu de repos. Après cinq années de travail intensif et deux années marquées par ce qu’elle qualifie de « harcèlement permanent à la mairie », elle se dit épuisée.
Pour autant, elle n’envisage pas de se retirer totalement de la vie publique : « Je vais donner un coup de main aux associations et continuer à faire entendre ma voix singulière. » Et si elle n’évoque pas de nouveau mandat pour l’instant, elle assure : « Les idées, j’en ai beaucoup. »