Lesbophobie Retrait de Sabrina Decanton à Saint-Ouen
Retrait de Sabrina Decanton à Saint-Ouen : une candidate écolo dénonce des discriminations internes
Une investiture prometteuse rapidement compromise
Investie durant l’été 2025 pour mener la liste des Écologistes aux municipales de 2026 à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), Sabrina Decanton a annoncé ce 26 novembre qu’elle renonçait à sa candidature. Dans un communiqué adressé aux habitant·es, l’élue de 40 ans dénonce des « propos et comportements inacceptables » au sein même de son groupe politique, visant spécifiquement son orientation sexuelle. « Mon orientation sexuelle est évoquée comme un obstacle à ma candidature et à une éventuelle victoire », écrit-elle. Militante de longue date, elle siégeait déjà au conseil municipal depuis 2020 après avoir rejoint le mouvement écologiste, inspirée notamment par la figure de Noël Mamère.
Des remarques discriminatoires dès les premières étapes
Dans un entretien accordé à Têtu, Sabrina Decanton revient sur les circonstances qui ont conduit à sa décision. Dès avant son investiture, certains militants locaux lui auraient fait part de leur réticence. « Certains militants, dont des élus municipaux, m’ont dit en face que mon orientation sexuelle allait être un frein à ma candidature », raconte-t-elle. Ils estimaient qu’en tant que lesbienne, elle serait désavantagée dans les quartiers populaires de Saint-Ouen. L’élue, en couple de manière assumée, affirme pourtant n’avoir jamais rencontré d’hostilité sur le terrain en raison de son orientation.
Une lesbophobie doublée de préjugés sociaux et religieux
Sabrina Decanton met en lumière une dynamique de discriminations croisées au sein de son groupe. Selon elle, les remarques homophobes dont elle a été la cible étaient également imprégnées d’islamophobie et de stéréotypes sociaux. « En réalité, ce sont ces militants qui pensent que les quartiers pauvres et les musulmans sont nécessairement homophobes. Leur lesbophobie se double donc de classisme et d’islamophobie », déplore-t-elle. Elle affirme pourtant avoir toujours entretenu des liens harmonieux avec les habitant·es de tous les quartiers et rejette ces généralisations.
Une prise de parole différée face à une exclusion insidieuse
L’élue explique avoir pris la décision de s’exprimer publiquement après plusieurs mois de tentatives infructueuses pour faire évoluer les choses en interne. Dès septembre, le climat s’est dégradé. « On me faisait comprendre que j’étais redevable, car ce serait si difficile de faire campagne pour une lesbienne », raconte-t-elle. Si elle avait déjà fait face à des attaques lesbophobes dans sa vie, elle souligne ici la forme plus sournoise de l’exclusion qu’elle a vécue.
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Des démarches internes, mais une réponse jugée trop lente
Face à ces agissements, Sabrina Decanton a saisi la cellule de lutte contre le harcèlement et les discriminations de son parti dès le 6 novembre. Une enquête a été ouverte, mais l’élue regrette la lenteur du processus. Elle salue toutefois l’intervention rapide de Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes, qui lui a témoigné son « soutien total ». Tondelier a également annoncé que les instances disciplinaires avaient été saisies pour traiter l’affaire.
Une décision contrainte, faute de soutien local
Malgré les démarches engagées et l’appui de la direction nationale, Sabrina Decanton a finalement décidé de se retirer. « J’ai essayé de convaincre ces personnes que mon identité n’allait pas poser de problème pour la campagne. Mais quand j’ai compris que je n’y arriverais pas, il devenait impossible pour moi de faire campagne à leurs côtés », conclut-elle. Son départ soulève des interrogations sur les mécanismes d’inclusion au sein même des partis se revendiquant progressistes.






