Léa Pool Iris Hommage 2025
Une reconnaissance prestigieuse pour une œuvre exceptionnelle
La cinéaste Léa Pool recevra l’Iris Hommage 2025 le 7 décembre prochain, lors de la 27e édition du Gala Québec Cinéma. Cette distinction vient célébrer plus de 45 années d’une carrière marquée par une contribution remarquable au cinéma québécois, portée par une sensibilité artistique singulière et une approche profondément humaine.
« Depuis plus de 40 ans, Léa Pool pose sur le monde un regard sensible et humaniste à travers une œuvre d’une grande cohérence artistique », affirme Dominique Dugas, directeur général de Québec Cinéma. « La force, la liberté et l’émotion de son cinéma ont ouvert la voie à de nombreuses créatrices québécoises. La remise de l’Iris Hommage 2025 à cette grande cinéaste vient reconnaître l’apport au cinéma et à la société québécoise d’une artiste dont la voix résonne toujours avec autant de justesse et de profondeur. »
Une pionnière du 7e art au Québec
Originaire de Suisse, Léa Pool s’installe au Québec en 1975, à l’âge de 25 ans. Très tôt, elle parvient à se faire une place dans un milieu majoritairement masculin, imposant son regard singulier et une voix artistique rare. Son parcours compte aujourd’hui une vingtaine de longs métrages salués à l’échelle internationale, ce qui fait d’elle l’une des figures les plus influentes du cinéma québécois.
Sa filmographie se distingue par une approche narrative centrée sur l’identité et l’intimité, explorant avec finesse la complexité de l’âme humaine. Peu de réalisateurs et réalisatrices au Québec peuvent se targuer d’un chemin aussi riche et personnel que le sien.
Un cinéma ancré dans la sensibilité et l’émotion
Depuis ses débuts en 1978, Léa Pool a œuvré aussi bien en fiction qu’en documentaire, signant des œuvres pour le cinéma, la télévision et en tant que productrice et scénariste. Son style est reconnaissable par son attention aux émotions, à la quête de soi, et à une exploration constante de l’amour sous toutes ses formes.
Dès ses premiers films, elle aborde avec délicatesse des thèmes comme l’identité de genre et la marginalité, souvent à travers des personnages aux prises avec des dilemmes existentiels. Cette approche sensible a fait d’elle une voix incontournable du cinéma d’auteur québécois.
Filmer le désir autrement : un regard audacieux et subtil
Avec La femme de l’hôtel (1984), Léa Pool bouleverse un paysage cinématographique dominé à l’époque par des récits masculins. Ce film met en scène la rencontre entre une réalisatrice et une jeune femme mystérieuse, installant une tension à la fois créative et sensuelle, marquant ainsi une première exploration implicite du désir féminin.

En 1988, elle approfondit cette thématique avec À corps perdu, où un photographe partage une relation à trois avec un homme et une femme. Ce récit aborde la bisexualité masculine et le polyamour à une époque où ces sujets étaient rarement représentés à l’écran, positionnant Pool comme une pionnière dans l’exploration de la fluidité sexuelle au cinéma.
Des œuvres marquantes au fil des décennies
Les années 1990 marquent un tournant avec Mouvements du désir (1994) et Emporte-moi (1999), deux films explorant l’intimité, la découverte de soi et les premiers émois adolescents. Ce dernier, largement interprété comme un récit d’éveil queer, met en scène une jeune fille cherchant sa place dans un monde incapable d’exprimer ses ressentis.
Avec Lost and Delirious (2001), réalisé en anglais, Pool atteint une reconnaissance internationale. Ce drame situé dans un pensionnat de jeunes filles explore une passion amoureuse intense brisée par les normes sociales. Devenu culte dans la culture lesbienne des années 2000, il a marqué de nombreuses spectatrices issues des communautés LGBTQ+.
Plus tard, La passion d’Augustine (2015) explore la spiritualité et la rébellion féminine dans un couvent des années 1960. Derrière l’histoire d’une religieuse et de son élève musicienne, le film laisse entrevoir un sous-texte queer empreint de tendresse et de transmission.
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On sera heureux : l’humanité au cœur des marges
Dans son plus récent long métrage, On sera heureux (2025), Léa Pool raconte l’histoire de Saad, un jeune marocain installé au Québec, qui tente de sauver l’homme qu’il aime – un réfugié iranien menacé d’expulsion. Pour y parvenir, il se lance dans une démarche périlleuse, mêlant séduction et enjeux politiques.
Coécrit avec Michel Marc Bouchard, le film met en lumière les réalités peu abordées de l’immigration LGBTQ+, tout en poursuivant le fil conducteur de l’œuvre de Pool : donner une voix à ceux et celles qui vivent dans les marges. À travers une mise en scène empreinte de poésie et d’humanité, elle continue de repousser les frontières du récit traditionnel.
Un héritage cinématographique essentiel
De La femme de l’hôtel à On sera heureux, Léa Pool a tracé une œuvre marquante, intime et engagée, où le désir féminin, l’identité queer et la liberté individuelle sont au cœur du récit. Sans jamais tomber dans le didactisme, elle a su faire du cinéma un espace d’émancipation, de nuance et de tendresse.
Son apport au cinéma québécois est immense, et son influence sur les générations de cinéastes à venir est incontestable. L’Iris Hommage 2025 ne fait que confirmer ce que beaucoup reconnaissent déjà : Léa Pool est l’une des grandes voix du 7e art au Québec.






