Le Fanservice Lesbien Origine et Évolution
Le fanservice lesbien est un phénomène récurrent dans les séries, le cinéma et la pop culture en général. Il se traduit par l’introduction de scènes, de dialogues ou de dynamiques entre personnages féminins destinées à plaire aux spectateurs, qu’ils soient des fans de relations lesbiennes authentiques ou des consommateurs d’une représentation plus fétichisée. Mais comment ce fanservice est-il apparu et comment a-t-il évolué au fil des décennies ? Cet article explore ses origines, son impact et la manière dont il est perçu aujourd’hui.
Les origines du fanservice lesbien
La subtextualité dans les œuvres classiques
Avant même l’existence du fanservice moderne, les dynamiques homoérotiques entre femmes étaient souvent suggérées plutôt que montrées. Dans la littérature du XIXe et du début du XXe siècle, les relations intenses entre femmes étaient régulièrement présentées sous forme d’amitiés passionnelles, comme dans « Carmilla » (1872) de Sheridan Le Fanu ou « The Well of Loneliness » (1928) de Radclyffe Hall.
Avec l’émergence du cinéma et de la télévision, ces codes se sont perpétués, souvent en raison de la censure. La célèbre « Hays Code » (1934-1968) interdisait toute représentation explicite de l’homosexualité. Pour contourner ces restrictions, les réalisateurs et scénaristes ont joué avec la subtextualité, notamment en créant des duos féminins aux relations ambivalentes.
Les années 70 et 80 : Premiers pas vers la visibilité
L’arrivée du cinéma underground et de la contre-culture a permis de briser certaines barrières. Des films comme The Hunger (1983), mettant en scène une relation entre Catherine Deneuve et Susan Sarandon, ou Persona (1966) d’Ingmar Bergman, avec ses sous-entendus saphique, ont réintroduit l’attirance féminine sous une forme plus audacieuse.
Dans la culture pop, notamment les animés japonais des années 70 et 80, le « yuri » (genre centré sur les relations lesbiennes) a commencé à se développer. Revolutionary Girl Utena (1997) et Sailor Moon (1992) sont devenus des emblèmes de cette époque.
L’explosion du fanservice lesbien dans les années 90 et 2000

Le double visage du fanservice
Le fanservice lesbien prend véritablement son essor dans les années 90 et 2000. On distingue deux types de fanservice lesbien :
- Le fanservice pour le public queer : destiné à offrir une représentation authentique des relations lesbiennes. Exemples : Buffy contre les vampires (avec Willow et Tara) et The L Word (2004).
- Le fanservice pour le male gaze : où les interactions entre femmes sont sexualisées pour plaire aux spectateurs hétérosexuels masculins. On le retrouve dans certains animés (Queen’s Blade) ou des films d’action (Wild Things).
Les émissions comme Xena: Warrior Princess (1995-2001) ont joué sur l’ambiguïté pour plaire à un large public, queer inclus, tout en ne confirmant jamais explicitement la relation de Xena et Gabrielle.
Internet et l’influence du fandom
Le développement d’Internet a joué un rôle clé dans la popularisation du fanservice lesbien. Les forums et sites de fans (FanFiction.net, LiveJournal) ont encouragé la création de « ships » (relations fictives), renforçant l’attrait pour des duos comme Regina et Emma (Once Upon a Time), ou Korra et Asami (The Legend of Korra).
Le fanservice lesbien aujourd’hui : Entre progression et fétichisation
Des avancées significatives
Avec la montée en puissance de la représentation LGBTQIA+, des séries comme Orange is the New Black, The Haunting of Bly Manor ou Euphoria ont proposé des romances lesbiennes complexes et authentiques.
Netflix, avec des séries comme First Kill et Heartstopper, a contribué à la normalisation des relations entre femmes dans la fiction mainstream.
Le retour du male gaze ?
Cependant, la fétichisation reste présente. De nombreux films et séries utilisent encore les relations lesbiennes comme un outil marketing. La tendance du « bury your gays » (tuer les personnages queer) continue d’exister, comme avec Lexa dans The 100.
Quel avenir pour le fanservice lesbien ?
Le fanservice lesbien a parcouru un long chemin depuis ses débuts subtextuels. Aujourd’hui, entre réappropriation et exploitation, il oscille entre véritable représentation et simple appât commercial. L’évolution vers des personnages lesbiens bien écrits et diversifiés est en bonne voie, mais la vigilance du public reste essentielle pour éviter que cette représentation ne soit uniquement motivée par des intérêts mercantiles.
Avec l’essor des plateformes de streaming et la diversité des voix créatives, le futur du fanservice lesbien semble de plus en plus aligné avec les attentes du public queer. Une chose est sûre : le fanservice lesbien n’a pas dit son dernier mot.