Un lieu mythique au cœur de l’histoire queer parisienne
Le Carrousel de Paris occupe une place unique dans l’histoire du cabaret et de la culture queer française. Bien plus qu’un simple lieu de divertissement, il fut, pendant plusieurs décennies, un véritable laboratoire d’émancipation artistique et identitaire. Situé au cœur de la capitale, ce cabaret est aujourd’hui considéré comme l’un des berceaux du transformisme et de la visibilité trans en France.
À une époque où l’expression des identités de genre et des orientations sexuelles restait fortement marginalisée, le Carrousel offrait une scène, une reconnaissance et une légitimité à des artistes que la société refusait encore de voir.
Le Carrousel, berceau du transformisme et des artistes trans
Dès les années 1950, le Carrousel de Paris devient un refuge pour les artistes travestis et transgenres. Contrairement à d’autres établissements plus discrets ou underground, le Carrousel assume une programmation audacieuse, mettant en avant des performeuses trans dans des revues de haut niveau artistique.
Le transformisme n’y est pas cantonné à la parodie : il devient un art à part entière, mêlant chant, danse, mise en scène et incarnation. Le public, composé à la fois d’habitués, de curieux et de figures du monde culturel, découvre alors une autre manière d’appréhender le genre, la féminité et la performance.
Ce positionnement avant-gardiste fait du Carrousel un lieu pionnier, souvent cité comme le premier cabaret parisien à avoir offert une visibilité durable aux artistes transgenres sur une grande scène.
Coccinelle, Bambi, Fétiche : une scène pionnière
Le Carrousel de Paris est indissociable de figures devenues mythiques. C’est sur cette scène que se croisent et s’affirment des artistes majeures telles que Coccinelle, Bambi ou encore Fétiche. Ensemble, elles façonnent une esthétique nouvelle, entre glamour, audace et affirmation de soi.
Le cabaret devient un espace de sororité et de transmission. Les loges, les répétitions et les tournées constituent autant de lieux de partage d’expériences, de techniques et de résistances face à une société encore largement hostile. Pour beaucoup, le Carrousel représente le premier endroit où l’identité pouvait être vécue pleinement, sans dissimulation.
L’influence de cette scène dépasse largement le cadre du spectacle. Elle marque profondément l’histoire sociale et culturelle LGBTQIA+ en France, ouvrant la voie à une reconnaissance progressive des artistes trans et transformistes.
Pourquoi le Carrousel a marqué durablement la culture queer
Si le Carrousel de Paris est aujourd’hui considéré comme un lieu fondateur, c’est parce qu’il a su conjuguer plusieurs dimensions essentielles :
- une exigence artistique élevée
- une visibilité assumée des identités transgenres
- un public élargi, au-delà des cercles militants
- un rôle de passerelle entre culture underground et reconnaissance médiatique
À travers ses revues, le Carrousel a contribué à transformer le regard porté sur le transformisme. Il n’était plus perçu comme une curiosité marginale, mais comme une expression artistique légitime, capable d’émouvoir, de faire réfléchir et de fasciner.
Fermeture du lieu et héritage culturel
Comme de nombreux cabarets historiques parisiens, le Carrousel de Paris finit par cesser son activité, victime des mutations urbaines, économiques et culturelles de la capitale. Sa fermeture marque la fin d’un âge d’or, mais certainement pas la disparition de son influence.
L’héritage du Carrousel se retrouve aujourd’hui dans les cabarets queer contemporains, les scènes drag modernes et les lieux alternatifs qui perpétuent l’esprit de liberté et de création né sur ses planches. De nombreux artistes revendiquent encore l’inspiration de ce lieu mythique, considéré comme un point de départ incontournable.
Le Carrousel dans la mémoire des cabarets parisiens disparus
Le Carrousel de Paris s’inscrit pleinement dans la mémoire collective des cabarets queer parisiens aujourd’hui disparus. À l’image de Fétiche ou de Chez Michou, il témoigne d’une époque où le cabaret était à la fois un refuge, une scène et un acte politique.
Pour replacer l’importance du Carrousel dans une perspective plus large, l’histoire des cabarets queer permet de comprendre comment ces lieux ont façonné durablement la culture nocturne et artistique française.
Enfin, le guide des cabarets LGBT et queer offre une vue d’ensemble entre mémoire des lieux disparus et scènes encore actives aujourd’hui.
Conclusion
Le Carrousel de Paris n’était pas seulement un cabaret : il fut un point d’ancrage, un lieu de révélation et un moteur d’émancipation. En donnant une scène à des artistes trans et transformistes à une époque où leur existence même était contestée, il a profondément marqué l’histoire culturelle et sociale de Paris.
Aujourd’hui disparu, le Carrousel continue de vivre à travers les récits, les héritages artistiques et la mémoire collective LGBTQIA+. Il demeure l’un des piliers invisibles sur lesquels repose encore la scène cabaret queer contemporaine.