Une artiste entre image, corps et nuit
Sous le pseudonyme de Tinkerbelle, Angélique Stehli explore les frontières entre photographie, corps et expériences nocturnes. Avec Honeybush, elle imagine des environnements où l’érotisme ne se réduit pas à la consommation mais devient un espace de soutien, de rencontre et de soin. Le projet prendra forme de manière manifeste lors de la soirée du réveillon 2025, pensée comme une célébration incarnée, exigeante et joyeuse.
Un regard pour contenir l’intensité
Dès l’enfance, Angélique Stehli ressent une trop grande intensité. « Toujours trop », dit-elle : trop grande, trop émotive, trop sensible. Face à cette perception d’excès, elle cherche un refuge dans l’image. À onze ans, son père lui offre un appareil photo : un objet qui devient rapidement un outil de compréhension et de fuite, une manière de capturer ce qui ne se dit pas encore.
La photographie comme ancrage face à l’absence
Lorsqu’elle s’installe en Europe dans les années 2000, la jeune artiste est confrontée à une série de deuils vécus sans rituels. La photographie devient un moyen de retenir ce qui disparaît. « J’avais peur que la vie m’échappe à nouveau, alors je l’ai fixée. » Les images deviennent des repères mémoriels quand la mémoire flanche. « J’étais la plume, elles étaient le visuel », répète-t-elle comme un mantra.
Capter la féminité dans une bulle intime
Le portrait devient ensuite une pratique centrale. Elle crée des mises en scène partagées avec ses proches, notamment des femmes qu’elle admire. L’appareil photo devient le témoin d’une complicité sensuelle, loin des normes imposées aux femmes. Dans ce processus, elle offre un espace de liberté à ses modèles, tout en revendiquant sa place d’autrice de l’image.
Un imaginaire nourri par San Francisco
Les réminiscences de son enfance américaine, et en particulier de San Francisco, continuent de nourrir son imaginaire. Entre punks, fresques murales, parades queer et communauté latinex, elle garde en mémoire une atmosphère vibrante. « Everything had flavor », dit-elle, en contraste avec la rigidité de l’école catholique. Ces souvenirs deviennent un refuge intérieur, une preuve tangible qu’un autre monde peut exister.
L’art comme processus de transformation
Avec le temps, Angélique Stehli se détache de la seule forme artistique pour se concentrer sur l’expérience vécue. Ce n’est plus le médium qui importe, mais la transformation qu’il permet. « Comment utiliser sa tristesse ? Qu’est-ce qui reste ? » Le mouvement, le temps réel, la présence prennent le pas sur l’image fixe. Elle se tourne alors vers des pratiques immersives et performatives.
Le corps, non plus représenté, mais présent
Ce nouveau chemin artistique implique de faire place au corps vivant, non plus comme objet représenté mais comme sujet agissant. « J’avais besoin que le corps respire, transpire, tremble. » En travaillant avec des corps réels, elle réconcilie progressivement son propre rapport au sien. Le vivant devient un vecteur de réparation, de reconnexion.
Accueillir les corps en quête de repos
À la suite de ce travail sur le corps, c’est la notion d’espace qui s’impose. Angélique comprend que le soin ne peut être complet sans lieu pour l’accueillir. Elle s’attache à créer des environnements pensés pour les corps queer, marginaux, fatigués, trop souvent exclus. « Le manque est structurel », affirme-t-elle. Créer un espace, c’est prolonger le soin, dépasser les histoires personnelles pour répondre à un besoin collectif.
Honeybush : une réponse à la fatigue et aux normes
Né de cette réflexion, Honeybush est le fruit d’un désir de rupture. Après des années dans l’univers de la nuit et de l’hospitalité, et à la suite du Covid, elle décide de couper court aux modèles dominants. « Je ne peux plus voir tout être géré par et pour des hommes. » Le projet émerge alors avec une clarté nouvelle, ancrée dans une recherche de plaisir structuré et respectueux.
Le plaisir encadré, le consentement comme fondement
Pour Angélique Stehli, le plaisir véritable ne peut exister sans cadre. « Le plaisir n’existe que là où il y a du respect, des règles, du consentement et des conditions de travail dignes. » Honeybush devient une alternative au fonctionnement traditionnel des nuits festives : un lieu où les corps sont invités, et non exploités. « Le corps n’est pas là pour être pris, mais pour être rencontré. »
Une femme qui se choisit
Au cœur de Honeybush, il y a un engagement intime. « Je suis devenue une femme qui se choisit. » L’espace qu’elle crée devient plus qu’un projet artistique : une manière concrète d’incarner ses valeurs. Elle ne cherche pas la perfection, mais la cohérence. « J’essaie de faire de mes valeurs une infrastructure. »
Une œuvre vivante, collective et ouverte
Honeybush n’est ni une utopie ni une structure figée. C’est une œuvre vivante, collective, imparfaite, mais profondément habitée. Elle invite à vivre ensemble, à s’incarner pleinement dans l’instant, à faire de l’espace un geste de soin. Et surtout, elle propose de nouvelles manières d’être ensemble, à l’écoute du corps et de l’autre.
Honeybush New Year’s Eve : une nuit de célébration incarnée
Pensée comme un espace de désir encadré, de soin et de joie partagée, la toute première soirée Honeybush se tiendra le mercredi 31 décembre à Lausanne, pour marquer le passage à 2026 avec audace et sensualité.
📍 Lieu
Espace Amaretto
Rue de Genève 97B, 1004 Lausanne
🕘 Horaires
Ouverture des portes : 20h45
Début des performances : 22h00
💃 Performances & musique
Un plateau éclectique de performeur·euse·x·s venu·e·s de différentes scènes artistiques célébrera la pluralité des corps et des désirs :
Izzie Pop (Los Angeles), Lalla Morte (Paris), Aurélie Martinez (Pole Flow Bienne), Jay Moves (Paris), Miss Activ (Zürich), 24am, Spaece Moon, Kimya et Mira (Lausanne), Vond Katrina (Zürich) et Fenixxx (Genève) offriront des performances de pole dance, burlesque, strip et autres formes d’expression sensuelle.
La nuit se poursuivra en musique avec les sets enflammés des DJs Britney C’est Moi, Glitter B!tch et Road Rage.
🎟️ Billets disponibles en ligne ici.






