Eurovision 2025 LGBT
L’Eurovision, un bastion queer revitalisé par la communauté LGBTQ+
Une scène inclusive aux normes bousculées
À l’approche de l’édition 2025 à Bâle, le Concours Eurovision de la chanson (ESC) continue d’embraser les cœurs, notamment en Suisse alémanique, où l’enthousiasme LGBTQ+ est particulièrement palpable. Plus qu’un simple événement musical, l’Eurovision s’est imposé comme un espace de célébration de la diversité, du glamour et de la liberté d’expression, devenant une véritable vitrine pour les identités minoritaires.
Roman Heggli, secrétaire général de Pink Cross, souligne que l’ESC « donne une visibilité à des réalités souvent marginalisées » et les introduit même « dans les foyers les plus conservateurs ». Il met en avant la manière dont le concours valorise l’esthétique queer par l’exagération, l’ironie et des performances souvent audacieuses, tout en servant de plateforme à des messages sociétaux forts.
Une longue tradition d’artistes queer
Depuis la victoire emblématique de Dana International en 1998, une chanteuse transgenre israélienne, le concours a vu défiler de nombreux artistes LGBTQ+, dont certains ont marqué les esprits par leur originalité et leur message. Parmi eux figurent la Serbe Marija Serifovic (2007), Michael von der Heide (2010), Conchita Wurst (2014), Duncan Laurence (2019), Olly Alexander (2024), et plus récemment le Suisse non binaire Nemo.
Ces artistes ont contribué à faire émerger des discussions sur les droits des personnes transgenres et non binaires, tout en reflétant l’évolution des mentalités en Europe, rappelle Roman Heggli.
Une passion née d’un moment fondateur
Pour Thomas, un fan genevois de longue date, la victoire de Dana International fut un tournant. « C’est mon souvenir le plus marquant », confie-t-il. Il a depuis assisté à plusieurs éditions, notamment à Düsseldorf en 2011 et à Bakou en 2012. Il évoque l’engouement durable de la communauté pour un concours où les artistes queer ont toujours eu leur place. Même dans des pays peu ouverts à la diversité sexuelle comme l’Azerbaïdjan, les fans LGBTQ+ ne se sont pas sentis rejetés.
Une ambiance festive et libératrice
La convivialité qui règne autour du concours est également un facteur clé d’attraction. « Sur place, les applications de rencontres s’activent », plaisante Thomas. Pour David, un Zurichois passionné d’Eurovision depuis 1997, l’atmosphère évoque les vacances à Mykonos ou Sitges : « La concentration de gays est telle qu’on ne peut pas la manquer, surtout dans les clubs et les arènes. »
David a participé à plusieurs éditions (Vienne 2015, Lisbonne 2018, Turin 2022) et a même intégré à deux reprises le jury de fans autrichien. Il sera évidemment présent à Bâle pour l’édition 2025.
Une communauté qui a relancé l’Eurovision
Jean-Marc Richard, commentateur du concours pour la RTS, n’hésite pas à affirmer que la communauté gay a « sauvé » l’ESC au tournant du millénaire, au moment où son avenir semblait incertain. Grâce à son engouement, elle a permis au concours de se réinventer et d’assumer pleinement une identité célébrant la différence.
Mais l’Eurovision reste-t-elle un phénomène exclusivement queer ? David nuance : si l’intérêt est bien présent dans les cercles professionnels et familiaux, un écart se dessine selon lui entre les femmes hétérosexuelles, souvent plus enthousiastes, et les hommes hétéros, généralement plus distants.
Roman Heggli confirme cette tendance : les gays organisent volontiers des soirées dédiées à l’ESC, tandis que les hétéros se contentent souvent d’un visionnage passif, parfois teinté d’ironie.
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Un clivage culturel au-delà des orientations
La sélection de Bâle comme ville hôte met également en lumière un autre fossé : le Röstigraben, la frontière culturelle entre Suisse romande et alémanique. Selon Thomas, qui a vécu à Bâle, l’effervescence autour de l’ESC y est bien plus marquée qu’en Suisse francophone, où l’émission conserve une image vieillotte. « En Suisse romande, peu de gens transforment l’Eurovision en véritable fête », déplore-t-il.
Ce désintérêt s’expliquerait notamment par le manque de représentants francophones suisses dans le concours, note Jean-Marc Richard. En parallèle, les Alémaniques, plus anglophiles et habitués à la pop internationale, trouvent plus facilement leur compte dans un concours largement dominé par l’anglais.
Un concours en mutation, reflet d’une société en mouvement
Malgré certaines résistances culturelles ou générationnelles, l’Eurovision continue d’évoluer en phase avec les aspirations sociétales contemporaines. Portée par une communauté LGBTQ+ passionnée, elle s’affirme comme un espace de liberté et de reconnaissance pour des identités souvent marginalisées. À l’heure où Bâle s’apprête à accueillir l’événement, l’ESC réaffirme son rôle de catalyseur de diversité et d’inclusion, bien au-delà de la musique.
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