Un manquement reconnu par la justice
Le tribunal administratif de Paris a tranché : l’État français a failli à ses obligations en matière d’éducation à la vie affective et sexuelle. Saisi par les associations Planning Familial, Sidaction et SOS homophobie, le tribunal a jugé que les séances d’information prévues depuis 2001 par la loi n’avaient pas été mises en œuvre de manière systématique. Cette carence a conduit à la condamnation symbolique de l’État à verser un euro aux requérants, dans une décision qualifiée de « victoire historique » par les trois organisations.
Une loi ignorée pendant plus de deux décennies
La loi n° 2001-588 du 4 juillet 2001 impose pourtant clairement que « des séances d’information et d’éducation à la sexualité soient dispensées à l’école, au collège et au lycée, au rythme d’au moins trois séances par an, selon des groupes d’âge homogènes ». Le tribunal a constaté que cette mission légale n’avait pas été exécutée de manière systématique, et que le ministère de l’Éducation nationale n’avait pas pris les mesures nécessaires dans un délai raisonnable après l’entrée en vigueur du texte.
La défense de l’État jugée irrecevable
Lors de l’audience en novembre, le ministère avait évoqué « la sensibilité du sujet et les controverses qu’il génère » pour justifier les retards. Une argumentation que le tribunal a rejetée, estimant que ces considérations ne sauraient dispenser l’État de ses responsabilités. En conséquence, la justice a reconnu une faute de l’administration, donnant raison aux associations qui réclamaient réparation pour le préjudice moral subi.
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Des conséquences concrètes sur plusieurs générations
Pour Sarah Durocher, présidente du Planning Familial, ce manque d’éducation a laissé des traces durables : « Des générations entières n’ont pas eu accès à ces enseignements, et on en voit aujourd’hui les conséquences en termes de violences sexistes, de LGBTphobies et de méconnaissance du corps ». Elle souligne, dans une déclaration à l’AFP, l’urgence d’une prise en compte effective de ces enjeux dans le parcours éducatif.
Des progrès encore trop fragiles
Le tribunal a toutefois noté qu’avec la publication en février 2025 du programme Evars (Éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle), qui précise les modalités d’application de la loi de 2001, il n’était « pas établi que le comportement fautif de l’État perdure ». Mais les associations restent sceptiques. Elles rappellent que la mise en place d’un programme ne garantit pas sa mise en œuvre réelle, pointant notamment le manque de formation du personnel éducatif, une gouvernance déficiente et des baisses de subventions pour les structures associatives spécialisées.
Un appel à des engagements concrets et durables
Face à cette situation, les organisations requérantes réclament des mesures immédiates : une application effective du programme Evars, un plan national de formation des équipes éducatives, et la reconnaissance du rôle clé des associations dans la mise en œuvre de cette éducation. « On reste méfiant, il va falloir des moyens, des formations », alerte Julia Torlet, présidente de SOS homophobie, qui souligne que les oppositions idéologiques à ce type d’enseignement restent puissantes et actives.






