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Le Burkina Faso criminalise l’homosexualité avec une nouvelle loi adoptée par la junte

Criminalisation homosexualité Burkina Faso 2025
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Criminalisation homosexualité Burkina Faso 2025

Une législation inédite criminalise désormais les actes homosexuels

Le 1er septembre, le Burkina Faso a franchi une nouvelle étape législative en rendant illégales les pratiques homosexuelles. Cette décision marque un tournant, car jusqu’ici, aucune loi nationale ne réprimait spécifiquement l’homosexualité dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, bien que la communauté LGBTQ+ y vive dans la discrétion. Selon le ministre de la justice, Edasso Rodrigue Bayala, « la loi prévoit une peine d’emprisonnement qui va de deux à cinq ans et des peines d’amende ». Les personnes étrangères reconnues coupables feront quant à elles l’objet d’une expulsion.

Une adoption unanime par une Assemblée non élue

La loi a été adoptée à l’unanimité par les 71 membres de l’Assemblée législative de transition, un organe non élu mis en place à la suite du coup d’État de septembre 2022 ayant porté le capitaine Ibrahim Traoré au pouvoir. Âgé de 37 ans, ce dernier mène depuis une politique axée sur la souveraineté nationale, souvent critique à l’égard des « valeurs occidentales ». Ce positionnement s’est traduit par un rapprochement diplomatique avec des pays comme la Russie et l’Iran.

Une orientation médiatique déjà amorcée en 2023

La nouvelle législation s’inscrit dans un cadre plus large de durcissement idéologique. En août 2023, le Conseil supérieur de la communication, autorité en charge de la régulation des médias, avait déjà interdit la diffusion de chaînes de télévision « faisant la promotion de l’homosexualité ». Cette décision annonçait un durcissement progressif à l’égard des droits LGBTQ+ dans le pays.


Lire aussi : Droits des personnes LGBT+ en Afrique : un recul inquiétant


Un code des personnes et des familles profondément remanié

La pénalisation des relations homosexuelles figure dans une réforme plus vaste du Code des personnes et des familles. Cette refonte introduit également de nouvelles règles concernant l’acquisition de la nationalité burkinabée par mariage : les ressortissants étrangers devront désormais attendre entre cinq et sept ans pour en faire la demande. Par ailleurs, les mariages religieux et coutumiers sont désormais reconnus légalement.

Une tendance continentale à la répression des minorités sexuelles

Le Burkina Faso rejoint ainsi une longue liste de pays africains qui répriment l’homosexualité. Le Mali, gouverné lui aussi par une junte militaire et allié régional du Burkina, avait adopté une législation similaire en novembre 2024. À l’échelle mondiale, environ un tiers des États interdisent les relations homosexuelles, avec des sanctions allant de l’emprisonnement à la peine capitale. En Afrique, plus de 30 pays sur 54 disposent de lois pénalisant l’homosexualité. Certaines nations comme la Tanzanie, la Zambie, la Sierra Leone ou encore la Gambie vont jusqu’à prévoir la réclusion à perpétuité, tandis qu’au Nigeria, au Kenya ou au Malawi, les peines peuvent atteindre quatorze ans d’emprisonnement.

Prochaine étape : promulgation et sensibilisation

Le nouveau code doit encore être officiellement promulgué par le capitaine Ibrahim Traoré. Une campagne de sensibilisation à l’échelle nationale est prévue pour en expliquer les implications, a précisé le garde des sceaux. Cette initiative s’inscrit dans la stratégie de la junte de renforcer sa légitimité en s’appuyant sur des réformes sociétales controversées mais perçues comme affirmatives de la souveraineté nationale.

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